En juin 1968, Robert F. Kennedy a été assassiné dans les cuisines de l'hôtel Ambassador, près du centre-ville de L.A.

Quarante-deux ans plus tard, l'hôtel, maintenant démoli, a fait place à un complexe scolaire ultramoderne construit au coût de 578 millions de dollars -le plus cher aux États-Unis.

Près de 4000 élèves y ont fait leur entrée cette semaine. Les réactions ont été surtout positives.

«C'est très grand, très moderne, explique Lisa Wu, qui accompagnait sa fille, lundi, pour la rentrée des classes. J'aurais bien aimé étudier dans une école aussi belle quand j'étais jeune.»

Le complexe comprend six établissements, de la maternelle à la 12e année (l'équivalent de la cinquième secondaire au Québec). Il a été bâti dans Koreatown, quartier populaire qui accueille des immigrés coréens et latino-américains.

L'endroit comprend une immense piscine, un auditorium ultramoderne, des galeries d'art, et plusieurs terrains de soccer. Une murale en marbre a été érigée en l'honneur de Robert F. Kennedy.

Paul Schrade, ancien conseiller de M. Kennedy et militant de longue date en faveur du projet, estime que les résultats sont à la hauteur de la vision de l'ancien ministre de la Justice des États-Unis.

«Robert Kennedy, dans les derniers jours de sa vie, a dit que les enfants pauvres devaient fréquenter de bonnes écoles afin de briser le cercle de la pauvreté, a-t-il déclaré, la semaine dernière. On voit le résultat de cette philosophie aujourd'hui. La qualité de l'éducation dans cette école sera exceptionnelle.»

Coût pharaonique

Personne ne semble remettre en cause l'idée de bâtir des écoles dans un quartier populaire de la deuxième ville en importance aux États-Unis. Or, le coût pharaonique du projet financé par le Los Angeles Unified School District (LAUSD) soulève des critiques partout au pays.

Au final, le complexe aura coûté plus cher à construire que le Staples Center, plus gros amphithéâtre de la ville, érigé en 1999 au coût de 375 millions. Tout près, l'imposant Walt Disney Concert Hall, dessiné par l'architecte Frank Gehry pour l'Orchestre philharmonique de L.A., a nécessité un investissement de 274 millions en 2003.

Gabe Rose, porte-parole du groupe Parent Revolution, est abasourdi par l'ampleur des sommes dépensées pour le complexe RFK.

«Les enfants ont le droit d'étudier dans des écoles bien conçues, mais de là à dépenser près de 600 millions, il y a un pas, dit-il en entrevue. Dans ce district, le taux de décrochage est de 50% au secondaire. C'est ça, le vrai problème.»

La construction a été financée par l'émission de bons, un processus utilisé couramment par divers ordres de gouvernement, mais qui est de plus en plus critiqué en période de difficultés économiques.

L'inauguration du complexe survient aussi à un moment délicat pour le système d'éducation de L.A.: plus de 2200 enseignants ont été mis à pied cette année. Le LAUSD prévoit enregistrer un déficit de 640 millions en 2010.

M. Rose rappelle qu'aucun nouvel enseignant n'a été embauché à RFK. «Ils ont déplacé des enseignants, ils n'ont rien changé. La formule reste la même. L'école est bien belle, mais c'est ce qu'il se passe entre les murs qui est important.»