Une «menteuse délirante» pourrait représenter le Parti républicain du Delaware dans la course pour l'ancien siège de Joe Biden au Sénat. Qui le dit? Nul autre que le président du Parti républicain du Delaware!

Ce n'est pas la première fois, en cette année électorale, que l'establishment républicain se bat contre un homme ou une femme plus ou moins connu qui perturbe ses plans grâce au soutien du Tea Party, ce mouvement de contestation populiste dont la colère est une arme à deux tranchants. Mais le Delaware, un des six États américains où auront lieu aujourd'hui des primaires en vue des élections de mi-mandat, aura été le théâtre de la confrontation la plus brutale.

Championne d'un conservatisme pur et dur, Christine O'Donnell fait face depuis plusieurs jours aux attaques des bonzes républicains du Delaware, qui prédisent sa défaite contre le candidat démocrate Christopher Coons si elle remporte la primaire républicaine. Selon eux, cette spécialiste en marketing, âgée de 41 ans, est beaucoup trop à droite pour espérer l'emporter dans un État modéré comme le Delaware. Vaincue à ses deux premières campagnes électorales, elle a notamment milité pour l'abstinence avant le mariage et qualifié la masturbation de péché.

Mike Castle, ancien gouverneur et actuel représentant du Delaware, est le candidat préféré de l'establishment républicain de l'État. Bien que populaire au sein de l'électoral général, il s'est attiré les foudres des militants du Tea Party en votant pour le plan de sauvetage bancaire de 2008 et la loi sur le climat adopté l'an dernier par la Chambre des représentants. Selon un sondage publié dimanche, le politicien de 71 ans risque de perdre la primaire républicaine contre Christine O'Donnell, qui a reçu la semaine dernière plusieurs appuis, dont celui de Sarah Palin, reine du Tea Party.

La lutte du Delaware est une répétition de ce qui s'est déjà passé dans plusieurs États, dont le Nevada, le Kentucky et l'Alaska, où les candidats de l'establishment républicain ont été surpris par des insurgés soutenus par le Tea Party lors de primaires. Dans le cas du Nevada, la victoire d'une candidate républicaine ultraconservatrice, Sharron Angle, permettra peut-être au chef de file de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, de conserver son siège, une possibilité inconcevable il y a peu de temps.

La primaire républicaine du New Hampshire tenue aujourd'hui pour l'élection sénatoriale de l'État oppose également une favorite de l'establishment à un insurgé du Tea Party. L'affrontement entre Kelly Ayotte, ex-ministre de la Justice de l'État, et l'avocat Ovide Lamontagne ne suscite cependant pas la même animosité qu'au Delaware.

Il reste que les démocrates auraient une meilleure chance de remporter la victoire face à Lamontagne à l'occasion des élections de mi-mandat, qui renouvelleront le tiers des 100 sièges du Sénat et l'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants.