Après avoir décidé d'annuler l'événement, le pasteur de la Floride a rouvert la porte à la possibilité de brûler le Coran, demain.

En soirée, hier, le pasteur Terry Jones a dit «réfléchir» à l'idée d'aller de l'avant avec son projet.

«Nous pourrions être obligés de revoir notre position», a déclaré le pasteur Jones, quelques heures après avoir annoncé qu'il renonçait à brûler le Coran le jour de l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.

Plus tôt dans la journée, Jones avait annulé l'événement parce qu'il avait dit avoir reçu l'assurance que le projet de mosquée prévu près de Ground Zero à New York allait être déplacé. L'homme voyait cela comme une victoire pour son groupe.

Or, aucune entente en ce sens n'a été conclue, a dit l'imam Feisal Abdul Rauf, responsable du projet en question.

«Je suis heureux que le pasteur Jones ait décidé de ne pas brûler le Coran. Toutefois, je suis surpris par son annonce. Il n'y a pas d'entente de marchandage ici», a-t-il dit, hier.

Dans son point de presse en Floride, en après-midi, le pasteur Jones avait laissé entendre que le projet de mosquée à New York serait déplacé. «Pour cette raison, nous avons accepté de renoncer à l'événement que nous avions prévu d'organiser samedi (demain)», a-t-il déclaré.

Le pasteur avait invité les autres groupes qui songeraient à brûler le Coran, demain, à ne pas le faire.

«Aucun autre groupe ne doit brûler le Coran. Personne ne doit faire cela. Nous sommes convaincus de cette position. Ce n'est pas le moment de faire ça.»

Avant le point de presse, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Robert Gates, avait appelé le pasteur Jones, pour lui demander de ne pas aller de l'avant avec son projet.

«M. Gates a été très courtois, nous avons eu une bonne conversation», a dit Jones.

Le pasteur du groupuscule religieux appelé Dove World Outreach Center («Centre colombe pour aider le monde»), comptait brûler 200 exemplaire du Coran, demain.

Hier, en Afghanistan, des centaines de citoyens en colère ont brûlé un drapeau américain et scandé «mort aux chrétiens» en guise de protestation.

Plus tôt dans la journée, le président Obama a affirmé que l'autodafé du Coran était un «coup d'éclat» et que toute l'opération était «contraire aux valeurs de l'Amérique».

«Only in America»

En quelques jours, Jones, pasteur d'une petite Église obscure qui compte 50 fidèles, est devenu l'emblème international de l'intolérance religieuse.

Des politiciens, des dignitaires, et des chefs religieux du globe lui ont demandé de ne pas aller de l'avant avec son projet.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, n'a pas mâché ses mots au sujet de Terry Jones, et de l'attention qui est accordée à ses propos.

«Il y a plus de personnes dans cette pièce qu'il n'y a de fidèles dans son Église», a-t-il dit aux journalistes réunis pour le point de presse quotidien.

La couverture médiatique du coup d'éclat est excessive, selon lui.

«Je ne veux accuser personne en particulier, mais braquer une caméra de télé sur une bannière attachée sur le côté d'un semi-remorque et donner autant de visibilité à une telle chose... je veux dire, il vient un point où l'on se dit est-ce vraiment utile?»

«C'est un geste destructeur et complètement contraire aux valeurs de l'Amérique. « Barack Obama, président des États-Unis

Brûler le Coran, comme menace de le faire le pasteur Jones, va mettre des militaires américains en danger. S'il vous plaît, en leur nom, ne le faites pas. « John McCain, sénateur de l'Arizona

Nous sommes un pays de plus de 310 millions de personnes, et il est regrettable qu'un pasteur de Gainesville, en Floride, avec une Église de 50 personnes, puisse monter un plan aussi dégoûtant et malavisé et en plus réussir à obtenir l'attention du monde. C'est le monde dans lequel nous vivons actuellement. « Hillary Clinton, secrétaire d'État américaine