Les propriétaires et les fabricants d'armes à feu ont obtenu une victoire importante, hier, quand la Cour suprême a décidé que le droit d'avoir une arme à feu s'appliquait à l'ensemble des États-Unis.

Jusqu'ici, les États et les villes pouvaient légiférer comme elles l'entendaient à cet égard.

À Chicago, l'une des villes les plus violentes des États-Unis, une loi municipale interdisait depuis 1982 aux citoyens de posséder une arme de poing. Ce sont quatre habitants de Chicago qui réclamaient le droit d'acquérir une arme qui ont poussé l'affaire jusqu'en Cour suprême.

L'un des plaignants, Adam Orlov, ancien policier, croit que la loi de Chicago brime le droit des gens à assurer leur défense. «Je crois que les gens sont plus en sécurité s'ils ont le droit de se protéger, a-t-il dit dans une récente entrevue télévisée. C'est pratiquement une tautologie.»

Vote serré

La question a divisé les juges de la Cour suprême: les cinq juges conservateurs ont voté pour, alors que les quatre juges plus progressistes se sont prononcés contre. En 2008, la Cour suprême avait rendu une décision semblable au sujet d'un moratoire sur les armes à feu en place dans la ville de Washington, D.C.

La ville de Chicago est actuellement aux prises avec une vague de violence particulièrement vive. Il y a eu plus de 160 homicides depuis le début de l'année. La semaine dernière, 10 personnes sont mortes et plus de 60 autres ont été blessées par balle.

M. Orlov, qui dit vouloir une arme afin de pouvoir protéger sa famille en cas d'attaque, a affirmé que la violence à Chicago est la preuve que l'interdiction de posséder une arme à feu n'arrête pas les criminels. «Les criminels ne portent pas attention à ces lois; c'est pourquoi ils sont des criminels.»

Le maire de Chicago, Richard Daley, s'est dit déçu de la décision de la Cour suprême. Des experts ont estimé que la loi de Chicago a empêché plus de 1000 morts accidentelles par arme à feu depuis son implantation.

«Ce jugement me déçoit, mais il ne me surprend pas, a-t-il dit en point de presse, hier. Cela veut dire que le moratoire à Chicago n'est plus valide. Nous travaillons présentement à réécrire notre loi, de façon à protéger le deuxième amendement de la Constitution et à protéger les citoyens de Chicago.»

Restrictions

Paul Helmke, président du Brady Center, un groupe qui milite contre les armes à feu, a dit trouver des éléments positifs dans la décision de la Cour. Celle-ci a en effet maintenu des limitations sur l'acquisition et le port d'une arme. «Nous sommes heureux que la Cour ait, une fois de plus, rejeté l'argument en faveur des fusils partout, tout le temps, pour tout le monde, a-t-il dit. La Cour reconnaît qu'il y a des restrictions sur le droit de posséder une arme.»