Depuis près d'un an, tous les vendredis, des manifestants protestent contre la colonisation à Jérusalem-Est. Au début, ils étaient une trentaine. Peu à peu, le groupe a pris de l'expansion. Hier, environ 300 personnes, majoritairement des juifs israéliens, ont fait entendre leur voix et leurs tambours dans le quartier de Sheikh Jarrah.

Parmi la foule, les familles évacuées de leurs maisons par les colons ont brandi un nouveau symbole de résistance: le drapeau turc.

«C'est un hommage aux Turcs, a expliqué Fatme Sousse. Grâce à eux, Israël a été exposé localement, régionalement, internationalement et les gens soutiennent maintenant les Palestiniens.»

Depuis le raid israélien contre la «flottille de la liberté», un convoi d'aide humanitaire formé majoritairement de Turcs, le pays a pris une nouvelle place dans le coeur des Palestiniens.

Condamnation ferme

«Tout le monde achète des t-shirts de la Turquie, confirme Iyad Dandees, un jeune vendeur de vêtements rencontré dans la vieille ville. Maintenant, la Turquie est mieux vue que les autres pays arabes.»

«Pourquoi Israël a-t-il attaqué un bateau qui voulait seulement aider les gens? demande pour sa part Nidal Qasim, plombier palestinien de 32 ans. Nous avons beaucoup d'admiration et de respect pour le gouvernement turc parce qu'il a eu le courage de parler tout haut.»

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fermement condamné l'assaut israélien contre le convoi, qu'il a qualifié de «massacre sanglant».

«J'espère que tous les gouvernements vont demander la fin du blocus, a dit Maher Hannoun, évacué de sa maison de Jérusalem-Est. Ce n'est pas juste de laisser un million et demi de personnes mourir. Je me fous de qui les dirige, il y a beaucoup d'enfants qui n'ont rien à manger.»

Les manifestations de Sheikh Jarrah ont commencé en 2009, peu après que deux familles, dont celle de M. Hannoun, eurent été expulsées de leurs maisons par les colons.

Combattre le racisme

Si la majorité des manifestants rassemblés hier étaient des Israéliens juifs et scandaient des slogans en arabe et en hébreu contre l'occupation israélienne, certains ont néanmoins exprimé un certain malaise devant l'association de la Turquie à la cause. «Ce qui s'est passé avec la flottille, c'est un exemple de violence commencée par Israël et poursuivie par les gens sur le bateau, a dit GititE Barel, assistante sociale de Tel-Aviv. C'est important que le blocus cesse. Mais je ne peux pas soutenir des actions violentes.»

Mme Barel avoue qu'il est souvent épineux pour les Israéliens de s'opposer aux actions de leur gouvernement. «C'est très difficile pour moi, même mes amis argumentent. Certains m'accusent d'être une traîtresse, d'aimer les Palestiniens plus que mon pays», dit celle qui est militante pour la paix dans un organisme binational, qui rassemble Palestiniens et Israéliens. «Mais ce n'est pas pour les Palestiniens que je le fais, reprend-elle. C'est pour défendre des valeurs importantes et pour combattre le racisme.»