Un ouragan avec ça? À la veille du début de la saison cyclonique dans l'Atlantique, BP a entrepris hier la mise en place d'un nouveau dispositif pour contenir la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique, où les éléments pourraient empirer une situation déjà tragique.

La nouvelle procédure du groupe pétrolier consiste à envoyer des robots sous-marins sectionner la colonne endommagée d'où s'échappe le pétrole et la recouvrir d'un couvercle de confinement étanche destiné à pomper le brut sans colmater la fuite. Cette opération, qui n'a jamais été tentée à 1 500 mètres de profondeur, pourrait prendre de trois à sept jours.

 

Le succès de cette nouvelle approche n'est pas plus sûr que la précédente - une tentative de colmatage avec des boues épaisses et du ciment -, qui s'est soldée samedi par un échec. Il y a en outre un risque que la nouvelle technique augmente le volume de pétrole qui se répand dans le golfe, du moins temporairement.

«Nous allons travailler à 1500 mètres de profondeur avec des robots. Nous allons prendre notre temps et faire preuve d'une extrême précaution. À la fin de la semaine, l'installation devrait être en place», a déclaré le directeur général de BP, Bob Dudley, lors d'une entrevue sur CNN.

Complications...

Tant BP que l'administration Obama ont évoqué dimanche l'hypothèse où le pétrole continuerait à s'écouler dans le golfe du Mexique jusqu'en août, le temps de construire des puits secondaires censés réduire la pression du puits principal et mettre fin à la fuite. Or la saison des cyclones, qui commence officiellement aujourd'hui pour prendre fin le 30 novembre, pourrait non seulement retarder les travaux des techniciens de BP mais également projeter le pétrole plus loin à l'intérieur des terres ou l'emmener dans des endroits qui auraient autrement été épargnés par la marée noire, comme la péninsule de Floride et le Texas.

Selon les prévisions de l'Administration fédérale océanique et atmosphérique (NOAA), la saison cyclonique pourrait être une des «plus actives connues». Les experts prévoient ainsi la formation de 14 à 23 tempêtes tropicales (la moyenne se situe à 11), dont 8 à 14 pourraient évoluer en ouragans (contre une moyenne de 6) avec des vents de 120 km/h. Le nombre d'ouragans de catégorie 3 ou plus - avec des vents supérieurs à 178 km/h - pourrait se situer entre trois et sept (contre deux en moyenne).

Effet bénéfique?

Il n'est pas impossible, selon les experts, qu'un ouragan ait l'effet bénéfique de diluer et de disperser le pétrole. La marée noire du golfe du Mexique est déjà la plus importante de l'histoire des États-Unis. Selon les nouvelles estimations rendues publiques la semaine dernière, de 193 millions à 378,5 millions de litres de pétrole pourraient continuer à se répandre dans la mer jusqu'au 1er août.

En 1989, 42 millions de litres de pétrole s'étaient déversés à la suite du naufrage de l'Exxon Valdez au large d'Alaska.