La nouvelle loi pour contrer l'immigration illégale en Arizona a ravivé les tensions sur cette question épineuse aux États-Unis, cette semaine.

Plus de 100 000 personnes sont attendues ce matin au centre-ville de Los Angeles, où un rassemblement en faveur d'une réforme sur les lois de l'immigration doit avoir lieu.

 

Le maire de L.A., Antonio Villaraigosa, a dit appuyer l'idée de boycotter l'achat de biens et de services en provenance de l'Arizona. «Cette loi est anti-patriotique et va à l'encontre de la Constitution des États-Unis, a dit le maire, lui-même fils d'immigrants latinos. J'invite les gens à manifester en grand nombre.»

Les opposants à la loi ont déclenché une série de mesures de boycottage de l'Arizona et de ses produits. La Ville de San Francisco a interdit à ses employés d'aller en voyage d'affaires en Arizona, tandis que le président du Sénat de la Californie, Darrell Steinberg, a appelé l'État à «couper les liens avec l'Arizona tant que la loi qui encourage le profilage racial est maintenue».

Signe que l'application de la loi sera ardue, des shérifs de différents comtés en Arizona commencent à critiquer ouvertement la loi, approuvée par 35 républicains de la Chambre des représentants, tandis que les 21 démocrates ont voté contre.

Le shérif du comté de Pima, Clarence Dupnik, qualifie la loi de «raciste» et de «stupide». Il dit n'avoir aucune intention de la faire appliquer.

«Si nous arrêtons les gens, nous allons nous faire poursuivre. Si nous ne faisons rien, nous allons nous faire poursuivre. Nous avons les mains liées», a-t-il confié aux médias locaux.

Sur le plan national, un sondage Gallup montre que 39% des répondants sont en faveur de la loi, alors que 30% s'y opposent. Près du tiers des répondants, 31%, disent ne pas être assez familiers avec la loi pour avoir une opinion.

La loi, qui oblige les policiers à interpeller les individus qu'ils soupçonnent d'être dans le pays illégalement, a été qualifiée de «malavisée» par le président Barack Obama. Le président mexicain, Felipe Calderon, a quant à lui affirmé que les citoyens mexicains risqueraient d'être intimidés en Arizona, et a critiqué la loi.

Le procureur général des États-Unis et le département de la Justice étudient la possibilité de poursuivre l'État de l'Arizona. Jusqu'ici, la tâche de faire respecter les lois sur l'immigration incombait aux agents frontaliers fédéraux, une force de 20 000 agents présents le long de la frontière.

Parallèlement, la loi est aussi acclamée: plusieurs élus veulent en faire un exemple. Au Texas, deux élus de la Chambre des représentants ont promis de proposer une loi sévère contre les immigrants illégaux, calquée sur l'initiative de l'Arizona.

Le Texas a une longue tradition de tolérance à l'égard des immigrants, et il est peu probable que cet effort soit concluant. Le gouverneur républicain de l'État, Rick Perry, s'y oppose: «Je reconnais le droit des États à protéger leurs citoyens, mais j'ai des inquiétudes face à la loi en Arizona. Ce ne serait pas un bon exemple à suivre pour le Texas», a-t-il dit jeudi.

Immigration en baisse

Près de 20 millions de sans-papiers se trouveraient en sol américain. Selon le Bureau des douanes et de la protection frontalière, le nombre d'immigrants qui arrivent annuellement aux États-Unis est en forte baisse dans les dernières années.

En 2005, 1,2 million de personnes ont été appréhendées par les agents frontaliers. L'an dernier, ce nombre a chuté à 540 000. Les saisies de drogue à la frontière sont en hausse.

Janet Napolitano, ex-gouverneure de l'Arizona nommée à la tête du Bureau de la sécurité intérieure par l'administration Obama, estime que la nouvelle loi va distraire les policiers, qui devront poursuivre les immigrants plutôt que les trafiquants de drogue et les criminels.

«Cela va monopoliser les ressources, qui ne seront plus consacrées à chercher et à arrêter les individus responsables des crimes les plus sérieux», a-t-elle récemment confié dans une allocution à Washington.

 

L'IMMIGRATION EN ARIZONA

L'Arizona compte 6,6 millions d'habitants (estimation de 2009).

Environ 30% de la population est d'origine latino-américaine.

Environ 460 000 immigrants illégaux se trouveraient en Arizona.

Plus de 20 000 agents frontaliers sont situés le long de la frontière avec le Mexique, une hausse de 50% depuis 2004