Des vacanciers britanniques ont pris d'assaut les voies terrestres et maritimes pour rentrer à la maison. Échevelés, les traits tirés, ils ont raconté leurs péripéties à notre collaboratrice au port de Dover.

Pleurs, colère, joie: les émotions se déversaient hier à Dover, port de débarquement des traversiers venant de Calais, en France. Des Britanniques exténués, victimes du nuage de cendres, arrivaient par milliers au terme d'incroyables odyssées. 

Martha Barr-Cardenas et sa fille de 17 ans somnolaient sur des bancs, les yeux cernés. Ayant quitté l'Équateur vendredi soir, elles avaient dormi une nuit dans l'avion au-dessus de l'Atlantique, deux nuits dans l'aéroport de Madrid et une dernière dans l'autobus qui les transportait à Paris.

L'Espagne ayant été épargné par la crise, leur avion pour Londres avait dévié vers Madrid.

Elles fulminaient contre leur transporteur, Iberia.

«La compagnie n'a rien fait pour nous! Nous avons dormi sur le sol froid du terminal. On ne nous a pas donné de couvertures, même pas d'eau. Les employés nous disaient bêtement que nous n'aurions pas dû voler à cause du volcan», raconte Martha Barr-Cardenas, 40 ans.

L'aéroport avait des airs de camp de réfugiés, explique sa fille Cleo. «Les gens demandaient des boîtes de carton aux magasins pour se coucher dessus.»

17 heures de taxi

La famille de Ros Hartley, de son côté, était plus pauvre de 5000$ à cause de l'annulation de son vol samedi, à Milan. Après plusieurs maux de tête, la famille s'est installée dans un taxi pour 17 heures de route, en direction de Calais. Une facture salée de 2600$.

«C'était moins cher que de louer une voiture. Les agences de location abusaient de la situation. Elles demandaient des prix de fou», explique Ros Hartley, dont la cadette Evie pleurait à gros sanglots en tirant sa petite valise rose.

John et Marlene Harris, dont les vacances espagnoles ont été gâchées, étaient furieux contre la réponse tardive de leur gouvernement. Gordon Brown a déployé trois navires de guerre vers l'Espagne lundi matin pour secourir des touristes britanniques.

«Il aurait dû faire ça dès jeudi dernier, s'emporte M. Harris, 78 ans. Les gens sont en larmes là-bas!»

Paul et Vicky Nixey gardaient le sourire malgré un périple de 50 heures. Le couple et ses enfants ont pris sept trains de Florence à Calais. «Tout ça pour un long week-end en Italie! Au prix que cela nous a coûté, nous aurions pu nous payer une semaine en Floride», ironise Vicky Nixey.

Un quart de million de voyageurs ont regagné par traversier la côte sud-ouest de l'Angleterre depuis vendredi. «C'est l'équivalent de 600 Boeing 747», note la porte-parole du port, Elaine Lynch. L'achalandage est 50% plus élevé qu'en haute saison.

Dans le stationnement, un groupe de voyageurs vêtus de blanc célébraient leur retour avec du champagne. Un ami, David Wickens, était venu les chercher dans un véhicule orné de drapeaux britanniques.

Coupe à la main, Rosie Walters était émue. «Après avoir surmonté autant d'obstacles, j'étais si heureuse de voir les falaises crayeuses de Dover», dit la quinquagénaire rousse.