L'armée américaine a admis avoir tué trois civiles afghanes, dont le meurtre, survenu plus tôt cette année, avait été faussement attribué à des citoyens locaux.

L'annonce est survenue dimanche, quelques heures après que le Times de Londres eut publié une entrevue avec un enquêteur afghan, selon qui les militaires «ont retiré les balles des corps des victimes» après la fusillade, et «lavé leurs plaies à l'alcool» pour brouiller les pistes.

 

Durant ce raid, mené le 12 février dernier, les forces spéciales américaines avaient aussi tué un procureur et un chef de police, qui étaient sortis d'une demeure armés de Kalachnikovs.

Les militaires avaient admis avoir tué les deux hommes par erreur, mais soutenaient que les trois femmes - l'une était mère de 10 enfants, une autre mère de 6 enfants -, étaient déjà mortes quand la fusillade a éclaté.

Dans leur rapport initial, les militaires américains affirmaient que les trois femmes semblaient avoir été poignardées.

L'OTAN, qui supervisait l'opération, avait noté dans un communiqué que «les femmes semblaient avoir été attachées, bâillonnées, puis tuées, avant d'être cachées dans une pièce de la maison». L'armée affirmait que ces événements précédaient de plusieurs heures l'arrivée des soldats.

Dimanche soir, l'OTAN a changé sa position, pour prendre l'entière responsabilité de la tuerie, qui est survenue dans la province de Paktia.

«Nous regrettons profondément les actions prises cette nuit-là, et nous savons que cette perte sera ressentie à tout jamais par les familles», a signalé le brigadier général Éric Tremblay, porte-parole de l'OTAN à Kaboul.

L'armée affirme désormais que les femmes ont été atteintes par les coups de feu dirigés contre les hommes. Les militaires nient toutefois qu'une opération de camouflage a été entreprise.

En entrevue au New York Times, hier, un officiel de l'OTAN a confirmé que les militaires avaient cherché à brouiller les pistes.

«La scène de la fusillade a été passée au peigne fin par les soldats. Ils ont lavé l'endroit, et retiré les balles qui s'étaient logées dans les murs.»

L'officiel, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, a aussi dit que les enquêteurs n'ont pu trouver de balles dans le corps des victimes.

Depuis son arrivée en poste, en juin 2009, le Général Stanley McChrystal, commandant des forces armées en Afghanistan, a limité les raids de nuit, et insisté sur l'importance d'éviter les bavures, qui exacerbent les tensions entre les militaires et la population.