Nicolas Sarkozy ressort le thème sécuritaire. Son premier ministre invoque par erreur la mort d'un policier. La droite, elle, tente de sauver les meubles à la veille du second tour des élections régionales en France, nous explique notre collaborateur.

À la veille du second tour des élections régionales, qui a lieu demain en France, la tension est montée d'un cran. Surtout dans le camp de la droite, menacée d'une débâcle totale. Pire qu'aux régionales de mars 2004, qui avaient pourtant vu tomber à gauche certaines des régions les plus conservatrices du pays.

 

À l'époque, le président Chirac et son premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, étaient, si l'on ose dire, résignés à l'impopularité. Outre-mer mis à part, 20 des 22 régions «métropolitaines» étaient passées à gauche, comme par surprise, mais sans que la droite ait livré de grande bataille.

Et, pour l'honneur, elle avait quand même sauvé l'Alsace. Quant à la Corse, qui a un régime électoral particulier, elle avait finalement échappé à la gauche à la suite de tractations de lendemain de scrutin avec les élus nationalistes.

 

Suspense en Alsace

Cette fois, la droite est menacée d'un zéro pointé, les quatre départements d'outre-mer mis à part comme toujours. Aucune des 20 régions gouvernées par la gauche ne devrait repasser à droite. La Corse a beau être un cas à part, et toujours aussi imprévisible, il semble bien que la gauche réussira à s'en emparer.

Reste l'Alsace, une terre où la droite règne de manière absolue et où Sarkozy avait obtenu 65% des voix en 2007. Les derniers sondages donnent gauche et droite à égalité parfaite, avec 43,5% des voix de part et d'autre. Tout reste donc possible... y compris une victoire de la gauche dans ce fief conservateur jusque-là imprenable.

Nicolas Sarkozy s'est personnellement impliqué dans la campagne. Il a fait des déplacements très médiatisés dans les quelques régions que la droite avait une chance de reprendre à la gauche.

De surcroît, Sarkozy a jeté dans cette bataille une vingtaine de ministres. Dont la ministre des Universités, Valérie Pécresse, candidate en région parisienne, ou Xavier Darcos, ministre du Travail, candidat en Aquitaine. Quant au premier ministre François Fillon, il a comme par hasard tenu sa dernière grande assemblée de campagne... à Strasbourg, capitale de l'Alsace.

 

Arme sécuritaire

Nicolas Sarkozy n'est pas du genre à perdre sans livrer bataille. Depuis le lendemain du premier tour, la droite a donc sorti l'artillerie lourde. Et, comme le dit Libération, «dégainé son arme sécuritaire». Le meurtre d'un policier, mardi, lors d'un contrôle routier en province, vraisemblablement tué par des militants de l'ETA basque, lui a donné l'occasion de courtiser les électeurs du Front national.

«Il convient, a-t-il dit, de prévoir une peine incompressible de 30 ans de prison pour tout meurtrier de policier.» Une proposition qui, de l'avis de tous les spécialistes du droit pénal, n'a aucune validité légale.

De son côté, dans un discours écrit par des conseillers un peu pressés, François Fillon a évoqué mercredi soir la mort d'un autre policier, victime de «violences barbares», plus exactement de jets de pierre dans un quartier sensible. Or ce policier, effectivement blessé à la tête, est en fait sorti du coma depuis quelques jours et en voie de guérison. Un petit faux pas qui a fait mauvaise impression à trois jours du scrutin.