Après Xynthia, qui a fait plus de 50 morts en France, une tempête politico-médiatique fait rage à propos des causes de son impact meurtrier. Dans la ligne de mire: les digues de Vendée, vieilles et mal entretenues, une situation dénoncée depuis 2008.

«Nous devons faire toute la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible.» En visite sur la côte Ouest, frappée par la tempête Xynthia, le président Nicolas Sarkozy a annoncé une aide de 5 millions de dollars pour les victimes. «Il faut qu'on s'interroge pour savoir comment en France, au XXIe siècle, des familles peuvent être surprises dans leur sommeil et être noyées dans leur maison.»

Plusieurs victimes de la tempête, poussée par des vents pouvant atteindre 150km/h, ont été surprises dans leur lit par la montée rapide des eaux.

C'est le cas notamment à Faute-sur-Mer et à L'Aiguillon-sur-Mer, en Vendée, l'un des départements les plus touchés.

Nicolas Sarkozy a d'emblée mis l'accent sur la question des digues en relevant que celle qui protège ces communes s'était brisée sous l'assaut des vagues.

Il a chargé le ministre de l'Environnement, Jean-Pierre Borloo, de lui présenter d'ici 10 jours un «plan digues» qui désignera «les ouvrages ou tout le moins les zones à risque».

Selon les médias français, plusieurs digues existantes sont vieilles de plusieurs décennies et n'étaient pas entretenues adéquatement faute de moyens. Une situation que certains élus locaux imputent au sous-financement étatique.

Dans un rapport paru en 2008, la direction de l'équipement en Vendée a évoqué la «vulnérabilité du littoral» et prévenu que certaines régions pourraient être «submergées par la mer en cas de forte tempête».

En zone inondable

La construction immobilière en zone inondable a aussi été évoquée pour expliquer le grand nombre de morts en France, de loin le pays le plus touché par la tempête.

La secrétaire d'État à l'Écologie, Chantal Jouanno, a appelé à un durcissement des règles. Il semble que pas moins de 100 000 logements aient été construits en zone inondable depuis la dernière tempête d'importance dans l'Hexagone, en 1999.

Les élus vendéens des communes touchées doivent par ailleurs se justifier de n'avoir pas ordonné l'évacuation malgré les mises en garde de Météo France, qui avait placé la région en «alerte rouge». «Tant qu'on n'a pas tous les éléments, on ne peut pas savoir... Après, évacuation ou non, c'est presque du ressort de l'État. Moi, je n'ai compris la gravité de la situation qu'au dernier moment», a déclaré le maire de Faute-sur-Mer, René Marratier.

Les secouristes poursuivaient hier le ratissage des régions les plus touchées sur la côte. En matinée, un autre corps a été trouvé et l'on craint que le scénario se répète à mesure que l'eau se retirera des zones inondées.