En France, à quelques semaines des élections régionales, les Verts ont le vent en poupe. Une des principales responsables de cet engouement: Cécile Duflot, qui disait pourtant il y a un an à peine avoir le «charisme d'une huître». Élue à la tête des Verts parce qu'elle ne faisait d'ombre à personne, cette mère de famille de 34 ans est devenue une vedette médiatique.

En novembre 2006, les Verts l'avaient élue à leur tête parce qu'elle ne risquait pas de faire de l'ombre aux deux ou trois vedettes du parti écologiste.

Obscure militante de base, âgée de 31 ans à peine, Cécile Duflot reprenait le flambeau des mains d'un certain Yann Wehrling, lui-même parfait inconnu.

Au début de décembre 2008, encore, L'Express écrivait à son sujet: «Elle ne se fait pas d'illusion sur son charisme. Voilà pourquoi le parti écologiste va la reconduire à sa tête». «J'ai le charisme d'une huître», ironisait-elle à l'époque.

À peine une année après ce constat, la même Cécile Duflot est devenue une indéniable vedette de la politique.

Portée par l'impressionnante vague des élections européennes de juin 2009, où les listes d'Europe Écologie menées par Daniel Cohn-Bendit avaient dépassé les 16% - à égalité avec un Parti socialiste en pleine crise -, elle décidait de prendre la tête des «écolos» en région parisienne (11,5 millions d'habitants) pour les élections régionales des 14 et 21 mars 2010.

Force politique

Bien sûr, elle ne délogera pas le Parti socialiste de la première place à gauche, comme cela s'était produit aux européennes (20% aux Verts contre 16% au PS).

Mais tous les sondages annoncent un score entre 12 et 15%, ce qui est inespéré pour une organisation qui avait toujours végété en dessous des 5%. Dans sa région, Cécile Duflot est donc en train de confirmer le succès des européennes, «qui fait des écologistes la troisième force politique du pays».

Comme tout passe par les médias, c'est à la télé, en septembre dernier, que s'est produit le déclic, au talk-show du samedi soir On n'est pas couché. Un million et demi de téléspectateurs ont découvert une jeune femme à la fois énergique et charmante, capable d'alterner entre un discours général et des questions concrètes et de tenir sous un feu roulant de questions plus ou moins bienveillantes. On a découvert qu'elle n'avait pas la langue dans sa poche.

Travail communautaire

Jeudi en fin d'après-midi à Sevran, banlieue «difficile» du nord de Paris, en se rendant à sa réunion publique, elle a croisé une mère de famille africaine et sa gamine de 5 ans et engagé une petite conversation improvisée avec le plus grand naturel du monde. Et pour cause.

Dans un registre certes bien différent de l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati, Cécile Duflot incarne un modèle qui plaît aux Français «ordinaires».

Née à Villeneuve-Saint-Georges, une banlieue populaire où elle vit toujours, d'un père cheminot et d'une mère prof de lycée, Cécile Duflot est passée par une grande école de commerce avant de se tourner vers le travail communautaire.

Elle a eu trois enfants d'un premier mariage et, en 2008, une fille avec son nouveau compagnon, le photographe Xavier Cantat. Les problèmes réels des gens et des familles, elle connaît: «Moi, je prends le RER (métro régional) tous les jours pour aller au travail», précise-t-elle, sans d'ailleurs en faire un titre de gloire. Parmi les têtes d'affiche de la politique française, c'est assez rare pour qu'on le note.