Huit années de guerre en Afghanistan n'ont pas entamé l'idéalisme ou l'optimisme de George Roemer et Donna Mull. Ces deux coopérants quitteront bientôt le confort de leur vie américaine afin d'aider les cultivateurs d'un pays dont ils commencent à peine à découvrir la complexité.

«Nous sommes parfaitement conscients que nous ne changerons pas l'Afghanistan en un jour. Nous ne changerons peut-être pas ce pays en un an, mais nous pouvons peut-être contribuer à l'orienter dans la bonne direction», dit Roemer, qui exploite une ferme laitière du Wisconsin et qui travaillera en Afghanistan pour l'Agence des États-Unis pour le développement international.

 

Donna Mull, qui possède une ferme en Géorgie, a été embauchée avec son mari par la même agence. «Nous voulons juste aider, dit-elle. Les Afghans ont besoin d'experts en agriculture et j'espère que mon expérience aura un impact, si minime soit-il, dans leur vie.»

Comme les autres coopérants en Afghanistan, Roemer et Mull se joindront à une équipe de reconstruction provinciale (ERP), une de ces unités mixtes dont la mission consiste à renforcer les capacités du peuple afghan dans les domaines de l'agriculture, de la justice et de la gouvernance, entre autres.

«Notre objectif est de nous retrouver sans emploi le plus rapidement possible», dit le colonel Trey Wheeler, qui a dirigé une ERP dans la province de Paktika et qui agit à titre de mentor à Camp Atterbury.

Depuis le mois de juillet, les coopérants doivent s'engager pour des missions d'au moins un an en Afghanistan, soit six mois de plus qu'avant. «Il n'y avait aucune continuité», a récemment déclaré Richard Holbrooke, coordonnateur de la politique américaine dans la région, pour expliquer le changement.

En s'envolant pour l'Afghanistan, les civils américains ne quitteront pas seulement leur confort. Ils risqueront également leur peau dans un pays où les coopérants sont parfois la cible des insurgés. George Roemer, 61 ans, et Donna Mull, 50 ans, sont conscients des dangers, mais ils y font face avec le même détachement.

«Je fais confiance aux soldats, dit Roemer, qui confiera sa ferme à l'aîné de ses trois enfants pendant son absence. J'ai découvert ici que les soldats feront tout pour nous protéger. Si nous suivons leurs instructions, ça devrait bien aller. De toute façon, je suis prêt à toute éventualité. Ma femme est inquiète, comme on peut l'imaginer, mais elle me soutient.»

Donna Mull, qui confiera aussi sa ferme à un de ses voisins, aura l'avantage d'être en Afghanistan avec son mari, un militaire à la retraite.

«J'espère que rien ne nous arrivera. Mais notre heure peut sonner aussi bien aux États-Unis qu'en Afghanistan», dit cette mère de deux enfants adultes.

Il n'y a pas que les civils américains qui nourrissent des espoirs à Camp Atterbury. Il y a aussi les immigrés afghans qui participent aux scènes d'entraînement. Pour Mohammed Pir Mohammad, ex-consul de l'Afghanistan en Turquie, ce nouveau rôle d'acteur est plus qu'une façon de gagner sa vie.

«C'est une façon pour moi de servir à la fois le peuple afghan et le peuple américain, dit-il. Je peux apprendre aux coopérants américains comment éviter certaines erreurs commises par le passé. Il est très important que les Américains comprennent les subtilités culturelles de l'Afghanistan afin de pouvoir mieux interagir avec ses gens.»