Au cours d'une cérémonie empreinte de solennité, le président Barack Obama a rendu hier un vibrant hommage aux soldats engagés dans le débarquement de Normandie et invité ses compatriotes à s'inspirer de leur détermination face à l'adversité.

«Ce que nous ne devons pas oublier, c'est que la bravoure et le sens du sacrifice de quelques-uns ont permis de changer le cours d'un siècle complet», a-t-il déclaré devant plusieurs milliers de personnes réunies au cimetière américain de Colleville-sur-Mer à l'occasion du 65e anniversaire du débarquement.

 

Obama a ponctué son discours de récits des exploits de plusieurs soldats, dont son grand-oncle, qui était dans l'assistance.

De la tribune qui lui donnait une vue directe sur les milliers de croix blanches marquant les tombes des soldats tués, Barack Obama a notamment évoqué la mort la nuit dernière d'un vétéran qui avait tenu à faire une dernière fois le voyage.

«Qu'il repose maintenant en paix avec les amis avec qui il a versé son sang», a déclaré le président, arrivé de Caen en hélicoptère après une rencontre avec son homologue français, Nicolas Sarkozy.

Ce dernier, qui avait pris la parole le premier lors de la cérémonie, a salué les soldats américains et alliés qui ont participé au débarquement et souligné que son pays n'oublierait jamais leur sacrifice.

Sarkozy égratigne Bush

Il a égratigné sans le nommer le prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush, en soulignant que le nouveau chef d'État est le symbole de «l'Amérique que nous aimons», «ouverte, généreuse et tolérante».

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a insisté pour sa part sur le fait qu'il faut «lutter pour défendre la vision et les valeurs qui ont inspiré les soldats du débarquement» et fait référence au conflit en cours en Afghanistan.

La cérémonie, qui se déroulait sous haute sécurité, a profondément secoué Véronique Patrick, qui était en pleurs en pensant à son beau-père, ancien combattant à qui l'on a remis vendredi la Légion d'honneur en remerciement de ses services.

L'homme de 85 ans avait été informé il y a un mois qu'il devait subir une opération cardiaque délicate, ce qui ne l'a pas empêché de faire le voyage de Californie pour marquer le Jour J.

«J'ai été très touché que Barack Obama évoque le cas de ce vétéran mort la nuit dernière. Ç'aurait pu être mon beau-père», a-t-elle expliqué peu après que des avions eurent survolé le cimetière dans un dernier hommage aux disparus.

Le prince Charles a suivi la commémoration à titre de représentant de la famille royale britannique mais n'a pas pris la parole.

Élisabeth II

Le fait qu'on n'ait pas jugé bon d'inviter la reine Élisabeth II avait suscité la polémique outre-Manche au point où le gouvernement français a dû corriger le tir après avoir insisté, dans un premier temps, sur le caractère «franco-américain» des célébrations de cette année.

Nicolas Sarkozy a aussi été accusé par ses opposants de vouloir réaliser des gains politiques en posant avec Barack Obama à la veille du scrutin européen, qui se déroule aujourd'hui en France.

Ces querelles de clocher étaient à des années-lumière, hier, des pensées du soldat américain Donald Sparks, qui a été envoyé de Stuttgart, en Allemagne, pour soutenir les équipes affectées aux cérémonies du jour.

Le jeune Américain, qui a servi en Irak, s'est dit époustouflé par l'accueil de la population locale et son empressement à brandir le drapeau américain, relevant avec étonnement que certaines personnes lui avaient même demandé un autographe.

«Qu'ils manifestent autant de reconnaissance 65 ans plus tard, c'est très touchant», a souligné le soldat, quelques instants après qu'une résidante du coin lui eut remis, en cadeau, une baguette de pain et un fromage de Normandie.

 

«Obama Beach»: le lapsus de Gordon Brown

Le premier ministre britannique Gordon Brown a commis hier à Colleville-sur-Mer le lapsus que tout le monde redoutait en évoquant «Obama Beach» au lieu d'«Omaha Beach», la plage illustre du débarquement allié en Normandie. «Et si près d'Obama Beach, nous nous joignons au président Obama pour rendre un hommage particulier à la bravoure immense des soldats américains qui ont donné leur vie à Omaha Beach», a déclaré Gordon Brown, qui fait face en Grande-Bretagne à une situation politique extrêmement difficile.