Curieux 60e anniversaire de la proclamation des Droits de l'homme pour Rama Yade, la benjamine du gouvernement français et symbole de l'ouverture à la «diversité».

Hier, un pavé est tombé sur la tête de la jeune politicienne de 32 ans qui occupe depuis le mois de mai 2007 le poste de secrétaire d'État aux Droits de l'homme créé par Nicolas Sarkozy. Ce dernier voulait ainsi marquer une «rupture» et une moralisation de la politique étrangère de la France. Or, dans un entretien paru hier matin dans Le Parisien, son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, déclarait que la création de ce poste avait été «une erreur».

 

«Je pense que j'ai eu tort de demander un secrétariat d'État aux Droits de l'homme, expliquait le ministre, issu de la gauche et ancien fondateur de Médecins sans frontières. Il y a une contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un État, même en France. Il ne faut pas faire dans l'angélisme.» Ajoutant que Rama Yade n'était pas en cause, qu'elle «a fait, avec talent, ce qu'elle a pu».

La jeune Franco-Sénégalaise a maintenu l'entretien télévisé prévu en début de soirée sur La Chaîne Info... une demi-heure avant de retrouver le même Bernard Kouchner pour une cérémonie officielle au Trocadéro.

«Je ne veux pas commenter les déclarations de mon ministre de tutelle, a-t-elle dit avec un certain aplomb. J'ai toujours su que les droits de l'homme étaient un combat. Mais sans eux, la France ne serait pas la France. Elle doit pouvoir faire entendre sa petite musique.»

Dans le monde politique, on estime que Kouchner n'a pas pu s'exprimer sans le feu vert de l'Élysée. En début d'après-midi, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, estimait que Bernard Kouchner était «bien placé pour faire cette évaluation».

Le président Nicolas Sarkozy avait fait un joli coup double en nommant cette jeune femme noire au gouvernement et en créant ce secrétariat d'État. Mais l'exercice avait très vite tourné court. Comme le dit l'éditorialiste de LCI, Pierre-Luc Séguillon, «Rama Yade a publiquement protesté lors de la venue de Kadhafi à Paris en 2007, mais après elle a dû lui serrer la main. Et lorsque Sarkozy est allé en visite officielle en Chine, elle a été écartée du voyage».

L'ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman, qui estime que ce ministère était une «mauvaise idée», déclarait hier à la radio: «Un gouvernement ne peut se comporter comme une ONG. Tant qu'à faire un secrétariat d'État aux droits de l'homme, il faudrait l'affecter aux affaires françaises pour qu'il s'occupe de l'état des prisons et de la manière dont on traite les demandeurs d'asile.»