Après sa défaite aux mains de Nicolas Sarkozy, on la croyait politiquement morte. Mais depuis hier, Ségolène Royal est de retour. Elle se retrouve en position de force pour prendre la tête du Parti socialiste.

On la croyait morte et quasiment enterrée. Dix-huit mois après sa défaite à l'élection présidentielle, Ségolène Royal paraissait avoir perdu toute légitimité au Parti socialiste.

 

Le congrès des 15 et 16 novembre prochains, à Reims, pour la succession de François Hollande, patron en titre du PS depuis 11 ans, devait confirmer sa marginalisation.

Pareille à une étoile filante, séduisante et novatrice, Ségolène Royal avait bousculé les grands ténors du parti et obtenu du premier coup 56% des voix lors de la course à l'investiture socialiste en novembre 2006.

Mais, largement battue (47% contre 53%) par Nicolas Sarkozy en mai 2007, elle semblait pratiquement la seule à croire à son avenir politique.

À quelques exceptions près, les «barons» du parti l'avaient abandonnée à son sort. La majorité des militants qui n'avaient pris leur carte du parti que pour désigner la candidate à la présidence - entre 40 000 et 50 000 - s'étaient de nouveau évaporés dans la nature. Un nouveau grand favori avait fait son apparition: le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en qui tout le monde voyait le triomphateur du congrès de Reims.

Fonctionnement complexe

Le PS a un fonctionnement compliqué. En vue du congrès qui s'ouvre le 15 novembre, les 130 000 militants étaient invités à se prononcer dans des scrutins locaux dans tout le pays sur les «motions» présentées par les principaux candidats à la direction du parti. Un scrutin à la proportionnelle. Et c'est au congrès lui-même que les tractations allaient décider de la nouvelle majorité au sein du parti...et de son chef.

Bertrand Delanoë, soutenu discrètement par l'ancien premier ministre Lionel Jospin et plus ouvertement par François Hollande, le premier secrétaire sortant du parti, devait arriver largement en tête.

L'ancienne ministre Martine Aubry, mairesse de Lille, soutenue par des ténors comme Laurent Fabius, Pierre Mauroy, ou même Dominique Strauss-Kahn, arriverait sans doute deuxième et formerait une majorité avec Delanoë. C'était la ligne TSS, «tout sauf Ségolène».

Or, hier, au petit matin, après dépouillement et addition des voix, c'est le coup de théâtre: avec un peu plus de 29% des voix, Ségolène Royal devance Delanoë de plus de quatre points.

Celui-ci est doublement perdant puisque Martine Aubry obtient presque autant de voix que lui. La victoire de Ségolène n'est pas nécessairement celle de la clarté mais, comme l'écrit Le Monde en éditorial, c'est «le désaveu du vieux PS».

Selon une loi non écrite au parti, c'est à la motion arrivée en tête qu'échoit le privilège de former la direction et la nouvelle majorité du parti. Ce qui ne veut pas dire que Ségolène réclamera pour elle-même le poste de premier secrétaire: elle pourrait plutôt mettre de l'avant un dirigeant de la nouvelle génération, acceptable pour les autres courants et qui ne nuirait pas à ses ambitions présidentielles.

Elle est loin de contrôler le parti, mais elle a remporté la main à la surprise générale. Et au grand dépit de son ex-compagnon, François Hollande, qui soutenait Delanoë et qui laisse son poste après un nouveau désaveu des militants.