(Nagua) L’ouragan Fiona a frappé lundi la République dominicaine après avoir causé des inondations et des dégâts « catastrophiques » à Porto Rico, son voisin des Caraïbes où il a privé les habitants d’électricité et continuait de provoquer de fortes précipitations.

En République dominicaine, l’ouragan a fait un mort et contraint 12 485 personnes à quitter leurs foyers, a déclaré à la presse le général Juan Méndez García, directeur du Centre des opérations d’urgence.

Plusieurs routes ont été inondées ou coupées par des chutes d’arbres ou de poteaux électriques dans les alentours de la station balnéaire de Punta Cana, dans l’est de la République dominicaine, où l’alimentation en électricité a été interrompue, selon des journalistes de l’AFP.

Les vents soufflaient jusqu’à 150 km/h et Fiona devrait encore se renforcer « au cours des deux prochains jours » pour devenir un ouragan de catégorie 3 mardi (sur l’échelle de Saffir-Simpson allant jusqu’à 5), selon le Centre national des ouragans (NHC), basé à Miami.

Fiona se dirige à présent vers les îles Turques-et-Caïques.

L’ouragan, qui a touché terre en République dominicaine tôt lundi, « est passé à toute vitesse », a dit à l’AFP Vicente Lopez, qui s’occupe de la plage de Bibijagua à Punta Cana, en signalant les commerces détruits.

De forts vents balayaient également la ville de Nagua, dans le nord, a constaté l’AFP.

Des vidéos publiées par la presse locale montraient des habitants de la ville côtière de Higüey (est) ayant de l’eau jusqu’à la taille, tentant de mettre des effets personnels à l’abri.

État d’urgence

À Porto Rico, où l’ouragan était d’abord passé et où une alerte à la tempête tropicale restait en vigueur, « les dégâts sur l’infrastructure […] et les maisons ont été catastrophiques », a dit le gouverneur de Porto Rico, Pedro Pierluisi, lors d’une conférence de presse.

Fiona a provoqué des glissements de terrain, fait tomber des arbres et des lignes électriques, rendu des routes impraticables et emporté un pont dans la ville d’Utuado.

Un homme est mort « calciné » en mettant du carburant dans un générateur allumé, selon les autorités.

« Malheureusement, nous attendons davantage de pluie sur toute l’île aujourd’hui et demain », a dit le gouverneur de Porto Rico, exhortant la population à ne pas s’aventurer dans les rues.

« Dans beaucoup de régions, qui n’avaient jamais eu d’inondations, il y a eu une accumulation d’eau sans précédent », « plus que ce que nous avons vu pendant l’ouragan Maria », a expliqué M. Pierluisi.

Plus de 800 000 personnes, selon les autorités, se sont également retrouvées sans service d’eau potable. « Nous sommes sans électricité et sans eau », a déclaré à l’AFP Elena Santiago, anesthésiste à l’hôpital d’Aibonito (centre).

Le passage de Fiona « a été violent », a-t-elle expliqué. « L’hôpital fonctionne grâce à un générateur, nous ne traitons que les urgences ».

Coupure de courant

Ancienne colonie espagnole, Porto Rico, qui est devenu territoire américain à la fin du 19e siècle avant d’acquérir un statut spécial d’« État libre associé » dans les années 1950, connaît de graves problèmes d’infrastructures depuis plusieurs années.

L’île a été dévastée en 2017 par les ouragans Irma et Maria, qui avaient sérieusement endommagé son réseau électrique. Celui-ci a ensuite été privatisé en juin 2021 avec pour but affiché de résoudre le problème des coupures de courant. L’île a cependant connu une panne générale en avril 2022.

L’ensemble du territoire de Porto Rico, qui compte plus de trois millions d’habitants, a été privé d’électricité à l’approche de l’ouragan. Lundi, le courant avait été rétabli pour 100 000 personnes, selon le gouverneur.

Dimanche, Fiona était passé du statut de tempête tropicale à celui d’ouragan de catégorie 1, au bas de l’échelle de Saffir-Simpson, et s’était abattu sur la côte sud-ouest de Porto Rico.

Le président américain Joe Biden a déclaré l’état d’urgence. Il s’est entretenu lundi avec le gouverneur de l’île et a indiqué que le nombre de membres du personnel fédéral œuvrant déjà à aider le territoire et s’élevant actuellement à plus de 300 allait augmenter « de manière conséquente ».

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des ouragans les plus intenses, avec des vents plus violents et des précipitations plus importantes, augmente.  

Fiona avait déjà causé de sérieux dégâts lors de son passage en Guadeloupe dans la nuit de vendredi à samedi. Par endroits, l’eau était montée de plus de 1,5 mètre. Un homme y était mort, emporté avec sa maison par les flots d’une rivière en crue.

Plusieurs dizaines de personnes dans l’archipel devaient être relogées, des axes routiers restaient impraticables et une partie de l’archipel n’avait toujours pas d’eau potable deux jours après le passage de la tempête Fiona, a-t-on appris lundi de sources concordantes.