(Port-au-Prince) Le premier ministre haïtien Joseph Jouthe a reconnu mercredi que « des erreurs stratégiques » avaient été commises lors d’une opération antigang le 12 mars, au cours de laquelle quatre policiers sont morts.

« Je me suis rendu compte qu’il y avait eu des erreurs stratégiques », a déclaré le haut responsable lors d’une conférence de presse, après lecture d’un rapport préliminaire transmis par la direction de la police nationale d’Haïti (PNH).  

Le 12 mars, la PNH avait lancé une opération dans un quartier de la capitale connu pour être utilisé par un gang comme lieu de séquestration de personnes enlevées contre rançon.

Quatre policiers ont été tués dans ce quartier pauvre appelé Village de Dieu. Des membres de gang se sont aussi emparés de matériel des forces de l’ordre.

« Des ordres qui auraient dû être donnés ne l’ont pas été à temps, ce qui a fait que les policiers sont rentrés trop tôt dans une alcôve », a précisé le chef du gouvernement.  

« Alors qu’il y avait un blindé à l’intérieur, un autre aurait dû rester à l’extérieur », a souligné M. Jouthe, indiquant également que « la couverture par drone de la zone aurait dû transmettre au commandement toutes les informations au sol ».

Si un véhicule blindé a depuis été récupéré par la police, les corps des agents tués et mutilés ne l’ont pas été.  

Le premier ministre a appelé à une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités.  

« Certains n’ont pas respecté les consignes qui leur avaient été données et ont fait de la rétention d’information en ne fournissant pas à temps toutes les informations », a déploré Joseph Jouthe, sans davantage de détails.    

Cette opération antigang aux allures de fiasco, qui n’a débouché sur aucune arrestation ou saisie d’armes, a attisé la colère des policiers et d’une population dont une grande partie est déjà très critique envers le pouvoir en place.

« La mort de policiers ne doit servir à aucune cause politique », a averti mercredi le premier ministre.  

Certains policiers et d’anciens membres de la PNH, réunis au sein d’un groupe insurrectionnel baptisé Fantom 509, ont organisé plusieurs manifestations violentes dans la capitale depuis la mi-mars.  

Un policier mobilisé pour empêcher de tels débordements a été tué le 22 mars par des collègues affiliés à Fantom 509, selon les premiers éléments de l’enquête de la mission locale de l’ONU.