(Port-au-Prince) La recrudescence d’enlèvements ces derniers mois en Haïti s’inscrit dans une « résistance » politique aux réformes, a affirmé lundi le président Jovenel Moïse.

Il s’est exprimé alors que les activités de la capitale Port-au-Prince étaient paralysées par une grève du secteur des transports, particulièrement ciblé par les enlèvements.

« Ceux qui utilisent les kidnappings à des fins politiques, à des fins de déstabilisation, on va arriver sur vous », a menacé M. Moïse lors de cette allocution diffusée en direct sur les réseaux sociaux.

« Face aux réformes, il y a toujours de grandes résistances de ceux pour qui le statu quo est favorable », a estimé le chef de l’État.  

« La résistance vient sous la forme des peyi lok (épisodes de contestations violentes contre le pouvoir en 2018 et 2019, NDLR), des destructions, des incendies, des intimidations, de la violence verbale et elle vient aussi sous la forme des kidnappings », a énuméré le président haïtien.  

L’opposition politique et plusieurs organisations de la société civile considèrent que le mandat de Jovenel Moïse arrive à terme le 7 février.  

Selon son interprétation de la Constitution, le camp présidentiel table lui sur un départ du pouvoir le 7 février 2022.

Alors que le président haïtien discourait pendant plus d’une heure sur les projets d’infrastructures routières et électriques, les rues d’ordinaires encombrées de la capitale sont restées désertes lundi.  

Particulièrement ciblés par les enlèvements, les chauffeurs de transports en commun et de taxi-moto ont annoncé une grève de deux jours en réaction à cette insécurité.  

La recrudescence d’enlèvements contre rançon observée depuis l’automne touche indistinctement les habitants les plus riches et ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté.

À la suite de l’appel à la grève, de nombreuses écoles avaient en amont annoncé qu’elles n’accueilleraient pas les élèves en début de semaine.

Par crainte de violences, la population préfère la plupart du temps rester chez elle en de telles occasions. Nombre d’établissements commerciaux de Port-au-Prince ont de même gardé portes closes ce lundi.

La mainmise grandissante, ces dernières années, des bandes armées sur le territoire attise la colère des Haïtiens contre les autorités, accusées d’inaction sinon même de complicité avec les criminels.  

À cette date, aucun membre de gangs n’a encore été traduit en justice.