(La Havane) Le dissident cubain Guillermo Fariñas a été arrêté vendredi à Santa Clara (centre), trois jours avant une manifestation prévue par l’opposition et interdite par le régime communiste, qui s’est dit « prêt à défendre la révolution ».

Face à « une stratégie de l’empire [les États-Unis, NDLR] pour tenter de détruire la révolution », « nous sommes sereins, sûrs de nous, mais attentifs et vigilants, et nous sommes aussi prêts à défendre la révolution, pour affronter toute action d’ingérence contre notre pays », a déclaré vendredi le président Miguel Diaz-Canel lors d’une allocution télévisée.

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Une famille cubaine regarde l’allocution télévisée du président Miguel Diaz-Canel lors d’une dans sa maison de La Havane.

Quelques heures auparavant, Guillermo Fariñas, 59 ans, prix Sakharov de la liberté de l’esprit du Parlement européen 2010, avait été arrêté et emmené par la police, selon sa mère.

« Ils l’ont arrêté aujourd’hui, ils l’ont emmené vers 14 h 10 », a déclaré par téléphone à l’AFP sa mère Alicia Hernandez, précisant que son fils est actuellement traité sous antibiotiques pour une infection urinaire.

« Une ambulance et deux patrouilles de police sont venues et l’ont emmené à l’hôpital Arnaldo Milian Castro », a-t-elle ajouté. « Ils m’ont dit que demain [samedi] une procureure va lui rendre visite pour le mettre en examen, mais nous ne savons pas pour quoi ».

Son arrestation survient trois jours avant une manifestation prévue lundi par l’opposition cubaine pour exiger la libération des prisonniers politiques, interdite par les autorités qui considèrent que ses organisateurs veulent provoquer ainsi un changement de régime avec le soutien de Washington.

Guillermo Fariñas a observé 23 grèves de la faim au cours des années 2000 pour protester contre le gouvernement, ce qui a considérablement affaibli sa santé.

Psychologue de formation, journaliste indépendant et militant des droits de l’homme, il a rejoint l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), l’organisation d’opposition la plus active à Cuba, dirigée par José Daniel Ferrer, actuellement en prison.

Le principal organisateur de la manifestation, Yunior Garcia, a affirmé de son côté avoir été menacé d’arrestation s’il persistait à vouloir défiler seul, dimanche, sur une avenue de La Havane.

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L’opposant Yunior Garcia

« Ils m’ont dit qu’ils ne vont pas me laisser manifester, ils m’ont même dit à quelle prison ils allaient m’emmener », a déclaré à l’AFP le dramaturge de 39 ans, qui affirme avoir été interrogé par un agent de la Sécurité de l’État, accompagné d’une psychologue.

Mais « il n’y a rien qui m’interdit de manifester dimanche, absolument rien, donc je ne vais pas me cacher », a-t-il ajouté.

Jeudi, Yunior Garcia, fondateur d’Archipiélago, un groupe de débat politique sur Facebook suivi par 30 000 personnes sur l’île et à l’extérieur, avait annoncé son intention de défiler seul dimanche, au lieu de lundi comme prévoyait l’appel à manifester, pour éviter toute violence.

Il avait alors expliqué craindre que le gouvernement communiste ne mobilise lundi les forces de l’ordre pour agresser des manifestants ou infiltrer des défilés pour provoquer des troubles.

Les organisateurs de la manifestation prévue à La Havane et dans six provinces, pour demander la libération des prisonniers politiques, ont maintenu leur appel pour lundi, malgré l’interdiction des autorités, qui les ont menacés de poursuites pénales.

Le gouvernement cubain, qui nie l’existence de prisonniers politiques à Cuba, considère comme illégale l’opposition.