(Saint John’s) L’île de Saint-Vincent était couverte de cendres samedi, et l’air saturé de soufre, au lendemain d’une série d’éruptions volcaniques qui ont imposé l’évacuation dans la panique de milliers d’habitants de ce territoire des Petites Antilles.

L’épais nuage de cendres a commencé à se déplacer vers l’est à environ 175 km de distance, s’approchant de l’île voisine de la Barbade où les habitants ont été invités à rester chez eux, selon l’Agence caribéenne de réponse aux urgences.

« C’est de plus en plus brumeux, on reste à l’intérieur », a déclaré à l’AFP Zen Punnett, une habitante de Rillan Hill, près du volcan la Soufrière, entré en éruption vendredi sur Saint-Vincent, pour la première fois depuis quatre décennies.

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Des habitants de la Soufrière observent l’éruption à distance.

L’île, peuplée d’environ 110 000 habitants, semblait recouverte de neige en raison de l’épaisseur des retombées de cendre, a noté de son côté le site d’informations news784.com.

Face aux alertes des vulcanologues, un ordre d’évacuation avait été émis la veille pour les quelque 20 000 personnes habitant une « zone rouge » dans le nord de l’île. Presque toutes s’y sont pliées et se sont réfugiées chez des proches ou dans des structures mises à disposition par le gouvernement.

Plus de 3200 personnes se trouvaient samedi matin dans 62 abris d’urgence, installés à la hâte dans des écoles ou des églises, a déclaré le premier ministre Ralph Gonsalves dans une allocution sur la radio locale NBC. D’autres ont été mises à l’abri dans des hôtels ou des navires de croisière.

« Nous faisons face à une énorme opération », a souligné le responsable en décrivant les multiples défis posés par l’éruption du volcan : couche épaisse de cendres, coupures d’eau, fermeture de l’espace aérien, pollution atmosphérique, risque de pillages dans les zones évacuées…

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« Nous allons y arriver, mais un peu de patience », a-t-il lancé à ses concitoyens : « respectons l’ordre et la discipline ! »

Pas d’éruption depuis 1979

Une première éruption explosive s’est produite vendredi matin, provoquant des colonnes de fumée jusqu’à 8 km de haut, suivie d’une seconde plus petite. Le rejet de cendres pourrait durer « plusieurs jours voire plusieurs semaines », selon le centre de recherche sismique de l’université des West Indies à Trinité-et-Tobago, autre archipel antillais.

La Soufrière - à ne pas confondre avec la Grande Soufrière en Guadeloupe - n’avait pas connu d’éruption depuis 1979. La plus dévastatrice, en 1902, avait fait plus de 1000 victimes.

« Les retombées de cendres extrêmement importantes et les fortes odeurs de soufre atteignent désormais la capitale », Kingstown au sud de l’île, a tweeté samedi l’agence locale de réponse aux urgences, en invitant les personnes ayant des problèmes respiratoires à rester calfeutrées.

« Il règne un silence de mort à l’extérieur », a décrit à l’AFP Vynette Frederick, qui vit dans cette grande ville dont le sol, les bâtiments et les véhicules étaient recouverts d’une fine couche de poussière blanchâtre.

Certaines personnes vaccinées contre la COVID-19 pourront être accueillies dans des pays voisins, a précisé M. Gonsalves, en louant l’aide régionale et internationale apportée à son archipel.

Selon lui, un navire chargé d’aide doit partir samedi du Venezuela et arriver lundi à Saint-Vincent. « En Guyane, ils chargent un bateau avec beaucoup d’approvisionnement », a-t-il ajouté.  

Un bateau venu des îles Barbades est arrivé samedi matin à Kingstown, selon les médias locaux.