(La Havane) L’artiste cubain Luis Manuel Otero Alcantara, du mouvement contestataire San Isidro, a annoncé mardi avoir été libéré, un jour après son interpellation quand il voulait distribuer des bonbons à des enfants dans le cadre d’une performance artistique, une provocation politique selon les autorités.

La télévision d’État avait dénoncé les motivations de cette activité comme une tentative de déstabilisation, affirmant que le mouvement San Isidro est financé par l’Institut National Démocrate aux États-Unis, groupe de réflexion dirigé par l’ex-secrétaire d’État Madeleine Albright.

L’épouse du dirigeant du mouvement dissident Union patriotique de Cuba (Unpacu) José Daniel Ferrer, qui dit observer en grève de la faim depuis 18 jours, a elle aussi été libérée dans l’est du pays.

« Je suis libre et ce matin nous avons réussi à distribuer les bonbons aux enfants de San Isidro. Aujourd’hui nous sommes Unpacu ! », a publié, en solidarité avec le mouvement dissident, Luis Manuel Otero Alcantara mardi sur sa page Facebook.

Son arrestation lundi, ainsi que celle d’une autre personne vêtue en costume de clown, avait été diffusée lors d’une vidéo en direct sur l’internet, quand ils essayaient de franchir un cordon policier dans leur quartier de San Isidro, dans la vieille Havane.

La distribution de bonbons s’inscrivait dans le cadre d’une installation de peintures de l’artiste représentant des emballages de confiseries, auxquelles les enfants cubains n’ont selon lui pas accès en raison des pénuries dans le pays.

Cette activité visait à soutenir les 30 membres de l’Unpacu qui disent être en grève de la faim à Santiago de Cuba (Est) pour protester contre le blocage par la police de leur distribution d’aliments et de médicaments aux pauvres.

José Daniel Ferrer avait dénoncé lundi l’arrestation de sa femme et de sa fille de 16 ans. Mardi, la membre du Congrès américain Maria Elvira Salazar, d’origine cubaine, a annoncé la libération de l’épouse.

« On m’informe que l’épouse de José Daniel Ferrer a été libérée à Cuba. Elle n’aurait jamais dû être arrêtée ! », a-t-elle écrit dans un tweet, retweeté par Ferrer sans donner de détails sur sa fille.

Ce nouvel épisode de contestation sociale, sur fond de crise économique et sous l’impulsion de l’internet, survient à dix jours du congrès du Parti communiste du Cuba, qui marquera le départ en retraite de Raul Castro.