(Port-au-Prince) Des policiers haïtiens ont occupé mercredi un commissariat de Port-au-Prince jusqu’à obtenir la libération de quatre agents qu’ils estimaient injustement arrêtés et incarcérés, a annoncé un responsable syndical.

Ce bras de fer s’est produit en marge d’une manifestation de policiers exprimant leur colère à la suite du décès de quatre de leurs collègues dans une récente opération antigang à l’issue tragique.

En uniforme, ces policiers d’un groupe baptisé « Fantom 509 », certains encagoulés et armés, ont expliqué aux médias présents sur les lieux qu’ils pourraient devenir violents s’ils n’obtenaient pas la libération de leurs collègues.  

« Les policiers ont libéré leurs collègues qui étaient dans le commissariat de Delmas 33 », a confirmé à l’AFP Jean Edler Lundi, coordonnateur du syndicat de la police nationale haïtienne (SPNH).  

« C’est le fruit de 25 ans de frustration, le résultat de mauvais traitements que les policiers subissent depuis près de 25 ans », a justifié l’inspecteur divisionnaire.

Les motifs et durées d’incarcération de ces quatre agents de police n’ont pas été précisés, le porte-parole de l’institution n’ayant pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Dans un message diffusé sur la télévision d’État mercredi soir, Léon Charles, directeur de la police nationale d’Haïti (PNH), a déploré ce qu’il considère être des « actes délinquants ».

Plus tôt mercredi, le groupe « Fantom 509 » avait sillonné les principaux axes de la capitale haïtienne pour dénoncer l’attitude du haut commandement de la PNH, jugé responsable d’une opération contre les gangs qui a viré au fiasco vendredi dernier.

Quatre policiers ont trouvé la mort lors de cette intervention dans le quartier pauvre de Village de Dieu et les forces de l’ordre ont subi l’humiliation supplémentaire de voir des membres de gangs s’emparer de leur matériel.

Mardi soir, la PNH a annoncé sur sa page Facebook, vidéo à l’appui, avoir repris un véhicule blindé qui avait été abandonné sur place.

« Au lieu d’aller chercher les corps pour faire leur enterrement, ils sont allés chercher leur blindé », s’est indigné Jean Edler Lundi. « C’est ça qui frustre les policiers et qui fait qu’ils ont manifesté aujourd’hui », a expliqué le responsable syndical.

Dans son message télévisé, Léon Charles a démenti les rumeurs de négociations qui auraient été entreprises avec le gang pour récupérer le véhicule.

« Quant aux corps des policiers qui sont toujours dans le Village, la police ne ménage pas ses efforts pour les retrouver, mais les moyens pour y arriver ne doivent pas exposer, de façon débridée, la vie d’autres policiers aux mêmes dangers qui ont frappé nos policiers le 12 mars », a-t-il déclaré, appelant les policiers à privilégier la négociation syndicale aux manifestations.