(Port-au-Prince) Les autorités judiciaires haïtiennes ont ordonné jeudi la libération du juge de la Cour de cassation arrêté dimanche et accusé de « tentative de coup d’État », a annoncé l’avocat de ce dernier, Me Marc-Antoine Maisonneuve.

Yvickel Dieujuste Dabresil « vient d’être libéré », a affirmé à l’AFP Me Maisonneuve, selon qui le juge aurait retrouvé son domicile.

Le juge Dabresil figure parmi un groupe de 23 personnes arrêtées par la police dans la nuit de samedi à dimanche et accusées par les autorités de « tentative de coup d’État ».

« Le juge instructeur ne s’est pas évertué à analyser les charges puisqu’il sait qu’il n’est pas compétent : il a tout bonnement procédé à la libération du juge à la cour de Cassation Yvickel Dabresil », a encore dit l’avocat.

La veille, la situation du juge Dabresil avait donné lieu à un imbroglio. Ses avocats avaient annoncé dans l’après-midi avoir obtenu une ordonnance de libération, mais des agents de l’administration pénitentiaire leur avaient ensuite refusé l’accès à la prison où il était détenu, ainsi qu’aux huissiers qu’ils avaient conviés.

« Hier, la force a triomphé, mais aujourd’hui c’est une grande victoire du droit », a commenté Me Maisonneuve.

Parmi les personnes interpellées le week-end dernier, 17 sont encore détenues à la prison civile de Croix-des-Bouquets, en banlieue de la capitale, selon Me Maisonneuve.

Selon la Constitution haïtienne, les juges de la Cour de cassation ne peuvent être mis en accusation que si deux tiers des députés le décident.

Cette procédure n’a pu être respectée dans le cas du juge Dabresil : faute de nouvelles élections, le mandat des parlementaires haïtiens a pris fin il y a un an.

Les accusations de « tentative de coup d’État » portées par les autorités ont été reçues avec scepticisme par l’opposition et la société civile, qui dénoncent des arrestations politiques et illégales.

M. Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu’au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse est arrivé à terme le 7 février dernier.

Ce désaccord de date tient au fait que M. Moïse avait été élu lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.