(Miami et Washington) Une tempête tropicale, baptisée Humberto, s’approchait dans la nuit de vendredi à samedi du nord de l’archipel des Bahamas déjà dévasté début septembre par l’ouragan Dorian, lequel a été cité comme un exemple de «crise climatique» par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Selon le Centre national des ouragans (NHC) américain, Humberto se trouvait tard vendredi à l’est de l’île d’Abaco et se déplaçait lentement vers le nord-ouest. Un avis de tempête a été émis pour tout le nord-ouest des Bahamas, dont l’île de New Providence qui abrite la capitale Nassau, ainsi que les îles d’Abaco et de Grand Bahama déjà ravagées par Dorian.

Selon le NHC, Humberto se transformera probablement en ouragan «d’ici deux ou trois jours». Il remontera ce week-end et en début de semaine prochaine vers le nord, en longeant la côte est de la Floride.

Le chef des services météorologiques des Bahamas, Trevor Basden, a évoqué des vents de 100 km/h et de fortes pluies, entre 5 et 15 cm d’eau, qui pourraient provoquer des inondations sur des sols déjà saturés après le passage de Dorian il y a une dizaine de jours.

Ralentir l’aide humanitaire

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Une maison dévastée à Gold Rock Creek, dans l'île de Grand Bahama.

La tempête pourrait également affecter la distribution de l’aide humanitaire à Abaco et Grand Bahama, où les dégâts sont énormes. Les aéroports de ces deux îles ont rouvert mais les vols commerciaux y sont limités.  

«Le mauvais temps va ralentir les opérations logistiques» alors qu’Abaco a «grand besoin d’essence et d’ea», a prévenu le porte-parole de l’Agence bahaméenne des situations d’urgence, Carl Smith.

Le Programme alimentaire mondial, qui participe à l’effort international, a suspendu ses vols vers Marsh Harbour, la ville principale d’Abaco, à cause de la tempête.

Les autorités ont appelé les résidants de Grand Bahama dont les maisons ont été endommagées par Dorian à se rendre dans des centres d’hébergement d’urgence. Elles s’inquiètent de la trajectoire de la tempête Humberto, qui pourrait frapper le sud d’Abaco et l’est de Grand Bahama, deux zones relativement épargnées par Dorian.

Plus de 2000 habitants d’Abaco et de Grand Bahama sont encore hébergés dans des refuges et les autorités cherchent toujours à localiser 1300 personnes, a précisé Carl Smith. Les autorités continuent à recouper la liste des personnes signalées disparues par leurs proches et celle des déplacés accueillis dans les centres d’hébergement.

«Crise climatique»

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Plus de 2000 habitants d’Abaco et de Grand Bahama sont encore hébergés dans des refuges

Le bilan officiel de l’ouragan de catégorie 5 Dorian est passé à 52 morts, contre 50 la veille. Il devrait encore augmenter à mesure que les corps retrouvés lors des recherches sont identifiés, ont indiqué les autorités.

Les équipes internationales de recherche «font face à des défis logistiques sans précédents», avec des zones difficiles d’accès et un nombre important de personnes déplacées ou sans documents d’identité, a souligné l’Agence fédérale américaine des situations d’urgence, la FEMA, dans son bulletin quotidien.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est pour sa part arrivé vendredi aux Bahamas, où il doit rester jusqu’à samedi. «Je suis venu pour exprimer ma solidarité avec le peuple des Bahamas» et «pour discuter des moyens par lesquels nous pouvons continuer à les soutenir», a-t-il écrit sur Twitter après son arrivée vendredi soir.  

«Dans notre nouvelle ère de crise climatique, les ouragans et les tempêtes sont suralimentés», a-t-il déclaré après avoir rencontré le premier ministre des Bahamas, Hubert Minnis, selon des extraits de son discours publiés par avance.

«Ils ont lieu avec une intensité et une fréquence plus importantes-un résultat direct du réchauffement des océans», a-t-il ajouté.

Le dirigeant onusien a appelé à une «action urgente» de la communauté internationale, sans quoi le dérèglement climatique ne ferait «qu’empirer».

Il a également réclamé une «réponse multilatérale» face aux désastres liés au changement climatique.