(La Havane) La Russie va «continuer à soutenir Cuba dans tous les domaines», face à l’hostilité des États-Unis, et l’aidera à renforcer son économie, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en déplacement à La Havane.

«Nous allons continuer à soutenir Cuba dans tous les domaines, non seulement sur le plan moral et politique, non seulement à travers le développement de la coopération technique et militaire mais aussi en encourageant le commerce, les projets économiques qui permettront à l’économie de ce pays d’être plus forte face aux attaques extérieures», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Bruno Rodriguez.

M. Lavrov a dénoncé les mesures prises  contre l’île socialiste par les États-Unis. Ceux-ci ont renforcé leur embargo, en vigueur depuis 1962, en appliquant notamment le titre 3 de la loi Helms-Burton, qui permet de poursuivre devant des tribunaux américains des entreprises étrangères gérant des biens nationalisés par Cuba lors de la révolution de Fidel Castro en 1959.

«Tous les articles de cette loi sont illégaux, contraires au droit international. Chaque année, (l’assemblée générale de l’ONU) vote contre l’embargo, la résolution est soutenue par 190 votes à chaque fois», a-t-il déclaré.

Le durcissement des mesures américaines contre Cuba vise à punir son gouvernement de son soutien au Venezuela de Nicolas Maduro. Washington accuse notamment La Havane d’avoir des troupes militaires dans ce pays.

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Sergueï Lavrov et son homologue Bruno Rodriguez.

Mais «la coopération de Cuba avec le Venezuela ne change pas et ne changera pas, avec le gouvernement légitime de Nicolas Maduro et l’union civico-militaire de son peuple», a assuré Bruno Rodriguez.

Il a ajouté que la Russie et Cuba uniront leurs efforts face à l’«épidémie de mesures coercitives unilatérales» appliquées par les États-Unis, «qui constituent une violation flagrante du droit international, de la charte des Nations unies et sont une source de menaces pour la paix et la sécurité internationales».

Selon M. Lavrov, l’intérêt à long terme des États-Unis ne doit pas être de «détériorer ses relations avec tout le monde en lançant des ultimatums, en exigeant le paiement immédiat d’amendes et en accaparant des ressources financières […]. Son intérêt doit être de garantir les relations avec ses partenaires».

Au même moment à Washington, le représentant spécial américain pour la crise au Venezuela, Elliott Abrams, a annoncé que Washington envisageait de sanctionner la Russie pour son soutien au Venezuela et promis de nouvelles sanctions contre Caracas et La Havane dans les prochaines heures.

Lors de sa visite, le chef de la diplomatie russe a également rencontré le président Miguel Diaz-Canel ainsi que l’ex-président et premier secrétaire du parti communiste cubain Raul Castro.

La relation entre Cuba et la Russie remonte à l’époque de l’Union soviétique, principal partenaire commercial de l’île pendant la Guerre froide. Après la chute du bloc soviétique en 1990, Cuba avait plongé dans une profonde crise économique.

Actuellement l’île socialiste a diversifié son économie et la Russie est son troisième partenaire commercial, derrière l’Union européenne et la Chine. Les échanges entre les deux pays ont atteint 388 millions de dollars en 2018, selon l’ambassadeur Andreï Guskov, soit 34% de plus qu’en 2017.

Moscou cherche en effet à renforcer ses liens avec Cuba, avec ces derniers mois un prêt de 38 millions d’euros pour moderniser l’industrie militaire cubaine, puis un milliard pour rénover les voies ferroviaires, ainsi que des accords dans le nucléaire civil et la cybersécurité.

La Russie veut aussi nouer des «relations bénéfiques» avec d’autres partenaires en Amérique latine, a précisé le ministre Lavrov, qui, après Cuba, se rendra ces jours-ci au Brésil et au Suriname.