Les rares stations-service de Haïti disposant encore d'essence ont été prises d'assaut vendredi par des automobilistes en colère, une compagnie pétrolière refusant de décharger sa cargaison pour cause de factures impayées par les pouvoirs publics.

De longues files de véhicules se sont formées aux abords des points de vente d'essence - le diesel n'est pas affecté à ce stade même si les stocks sont bas - ce qui a provoqué d'importants embouteillages à Port-au-Prince.  

Bidons en main, des dizaines de chauffeurs de taxi-moto se pressaient également autour des pompes, sans garantie aucune de repartir avec le précieux liquide.

« Ce matin, j'ai acheté un gallon au marché noir deux fois plus cher que le prix normal », témoigne Josué devant une station-service bondée. « Je ne peux pas repayer ce prix, donc je suis obligé de me battre ici, car si je ne travaille pas, je ne pourrais tout simplement pas manger ».

La colère des habitants est d'autant plus grande qu'un pétrolier se trouve actuellement dans la baie de Port-au-Prince.

L'administration publique BMPAD, qui régule les échanges entre importateurs de carburants et revendeurs dans les stations-service, a effectué vendredi un versement de 20 millions de dollars à la compagnie pétrolière. Mais cette dernière continue de refuser de livrer sa cargaison, car les arriérés s'élèvent encore à 39 millions.

« Un autre bateau va arriver dans la soirée de samedi [...] D'ici lundi, le marché commencera à être approvisionné », a assuré Ignace Saint Fleur, directeur général du BMPAD, à l'AFP vendredi après-midi.

L'approvisionnement et le coût des carburants constituent un point très sensible dans l'économie haïtienne où, à cause de l'extrême pauvreté, la grande majorité des habitants survit au jour le jour.

Haïti a connu en juillet 2018 trois jours de violentes émeutes causées par une tentative gouvernementale, finalement avortée, d'augmentation des prix des produits pétroliers.