Des chercheurs ayant examiné les diplomates américains qui ont subi de mystérieuses lésions cérébrales à Cuba ont livré des conclusions partielles mercredi : les symptômes sont plus complexes que rapporté précédemment, mais la cause reste une énigme totale.

Le problème avait commencé à l'automne 2016. Des diplomates américains avaient commencé à se plaindre de douleurs dans l'oreille après avoir entendu des sons à haute fréquence ou subi ce qu'ils ont décrit comme une pression sur les tympans.

Des médias avaient évoqué l'usage d'une hypothétique arme acoustique, mais sans qu'aucune preuve n'étaie cette hypothèse. L'affaire avait conduit les États-Unis à retirer en 2017 une partie de leur personnel diplomatique de Cuba, provoquant de vives tensions entre les deux gouvernements.

Des chercheurs des universités de Miami et de Pittsburgh ont étudié les symptômes de 25 personnes dans la «phase aigüe», peu après leur début. Ils ont publié leurs résultats mercredi dans une revue médicale, Laryngoscope Investigative Otolaryngology.

En février, des chercheurs avaient décrit dans la revue de l'Association médicale américaine (JAMA) des lésions cérébrales sans traumatisme crânien, et n'avaient pas pu conclure sur une cause.

Les nouveaux travaux dressent des diagnostics plus complexes.

Les chercheurs ont commencé à voir les patients avant leur diagnostic formel, a expliqué Bonnie Levin, professeure de neurologie à l'Université de Miami, à des journalistes.

Cause inconnue

Ils se plaignaient au début de «vertiges et de désorientation», en plus de problèmes d'audition. Mais «les tests d'audition standards n'ont révélé aucune perte d'audition, sauf chez deux personnes qui avaient une perte d'audition avant de venir dans notre clinique».

Les patients avaient en revanche des problèmes d'équilibre, ce qui suggère que l'oreille interne a été affectée.

Les victimes ont aussi rapporté ressentir un «brouillard cognitif», a-t-elle décrit. «Il y avait quelque chose d'étrange, ils se sentaient bizarres, ils avaient l'impression qu'ils n'arrivaient pas à réfléchir correctement».

Parmi les autres problèmes rapportés : anxiété, irritabilité, difficulté à gérer ses émotions, sautes d'humeur, impatience et difficulté à se concentrer. Leur mémoire leur semblait moins performante lorsqu'il s'agissait d'accomplir des tâches complexes.

Les chercheurs n'ont proposé aucune cause à ces symptômes.

Mais ils ont déclaré que les résultats de leurs examens excluaient tout risque que les symptômes aient été inventés.

«Nous disposons de preuves mesurables et quantifiables qu'il s'est vraiment passé quelque chose. Ce n'est pas de l'hystérie», a dit Carey Balaban, professeur d'oto-rhino-laryngologie à l'Université de Pittsburgh. «Nous ne savons pas à quoi ils ont été exposés, et nous ne pouvons absolument pas inférer si cela était délibéré ou accidentel».

«Les symptômes de ces personnes n'étaient pas aléatoires, ils n'étaient pas isolés et ils correspondent les uns aux autres», a ajouté Bonnie Levin.

«Nous ne connaissons pas la source exacte, mais nous pensons qu'il existe un circuit neuronal ou anatomique commun, qui relie cette constellation d'événements impliquant des changements vestibulaires (oreille interne), cognitifs et émotionnels», a dit la neurologue.

Les chercheurs n'ont pas décrit l'état actuel des diplomates.