Alors qu'une maladie mystérieuse vient de toucher une treizième personne liée au personnel de l'ambassade du Canada à La Havane, Ottawa reconsidère sa présence diplomatique à Cuba.

Des représentants du gouvernement se rendront dans la capitale cubaine la semaine prochaine pour évaluer la situation. Un haut responsable a indiqué jeudi que toutes les options sont sur la table, sans prédire quelles mesures pourraient être prises.

Depuis l'année dernière, huit diplomates en poste à l'ambassade du Canada à La Havane, ainsi que cinq de leurs proches, ont contracté une maladie mystérieuse qui provoque des symptômes tels que nausée, vertiges, maux de tête et difficultés de concentration. Affaires mondiales Canada affirme que le gouvernement tente toujours de déterminer la cause de cette maladie. Selon Ottawa, « rien ne porte à croire » par ailleurs que les Canadiens qui se rendent à Cuba pourraient encourir des risques.

Le ministère indique que la personne qui est tombée malade récemment avait signalé des symptômes au début de l'été, et a subi depuis des tests qui ont confirmé son état.

Affaires mondiales avait annoncé en janvier que 27 personnes appartenant à 10 familles de diplomates avaient subi des tests. En avril, le Canada a annoncé que les diplomates en poste à Cuba ne seraient plus accompagnés de leurs proches. Le gouvernement offre aussi la possibilité à ses employés en poste à Cuba de rentrer au pays s'ils le souhaitent.

Douze diplomates canadiens se trouvent actuellement à La Havane. Un médecin travaille maintenant à plein temps pour conseiller et aider ceux qui présentent des symptômes persistants. La Gendarmerie royale du Canada mène aussi une enquête sur la cause de ce mal étrange, qui a également frappé plusieurs diplomates américains en poste à La Havane. Une porte-parole de la police fédérale a refusé de commenter l'enquête.

La cause toujours inconnue

Les spéculations ont porté notamment sur des agressions acoustiques ou à micro-ondes, des contaminants inconnus et même des chants de criquets inaudibles à l'oreille humaine. Les responsables canadiens ont pratiquement exclu les facteurs environnementaux - tels que des toxines dans l'air, le sol ou l'eau - et ne soupçonnent plus une arme sonique.

Le Canada collabore avec les autorités américaines et cubaines pour résoudre ce mystère harassant. « Depuis le début, le gouvernement cubain coopère », a assuré jeudi un responsable canadien. « Cuba a exprimé son désir d'aller au fond des choses pour expliquer ces problèmes de santé. »

Pamela Isfeld, présidente de l'Association professionnelle des agents du service extérieur, s'est dite « bouleversée » par l'apparition récente d'un nouveau cas. « Le fait qu'aucune cause n'ait été trouvée, et donc qu'aucun traitement définitif ou aucune mesure d'atténuation ne puisse être identifié, est profondément frustrant pour toutes les personnes concernées », a soutenu Mme Isfeld.

Ottawa a reconnu officiellement en août 2017 qu'un nombre non précisé de Canadiens à La Havane avaient été touchés par ce mal mystérieux. Mais quatre mois auparavant, la mission du Canada à Cuba tentait déjà de définir les prochaines étapes pour le personnel canadien en difficulté, selon des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.