Cuba a accusé mercredi les États-Unis de se livrer à une «manipulation politique» et de tenter de «fabriquer un incident» bilatéral lié à la mystérieuse affaire des «attaques acoustiques» concernant plusieurs diplomates américains en poste à La Havane.

Cette déclaration intervient au lendemain de la visite à La Havane de trois responsables américains de haut niveau en charge du dossier.

«Il est évident que le gouvernement américain, le département d'État en particulier, a agi avec un manque de transparence qui semble dissimuler quelque chose, et qu'il (...) essaie de fabriquer un incident basé sur la manipulation politique» de cet incident, a déclaré à la télévision nationale le directeur du département États-Unis au sein du ministère cubain des affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio.

Le diplomate cubain a eu des entretiens mardi sur ce sujet avec les responsables américains Francisco Palmieri, secrétaire d'État adjoint aux Affaires de l'hémisphère occidental, William Todd, secrétaire adjoint à l'Administration et Michael Evanoff, secrétaire adjoint à la Sécurité diplomatique.

Au total, depuis fin 2016, 26 diplomates américains ont manifesté des symptômes similaires, ressentis après une commotion ou un léger traumatisme cérébral: maux de tête, vertiges, acouphènes, troubles cognitifs ou de vision, pertes d'ouïe ainsi que des cas d'insomnie et d'épuisement.

Selon Washington, il s'agit de pertes d'audition, troubles cognitifs et du sommeil qui auraient été provoqués par des attaques d'origine inconnue. Ces incidents ont été qualifiés d'«attaques acoustiques».

Durant l'entretien avec les responsables américains, le diplomate cubain a «rejeté l'emploi du terme «attaque»», puisque ça implique une «diffamation, un manque de transparence et une manipulation politique» de l'affaire.

Le 28 juin, la porte-parole du département d'État américain, Heather Nauert, avait déclaré qu'«après une évaluation médicale complète», il a été conclu que deux autres fonctionnaires ont subi des effets sur la santé similaires à ceux signalés par 24 autres membres de la communauté diplomatique américaine à La Havane.

Les services de renseignement et les experts médicaux américains enquêtent depuis plus d'un an et ne semblent pas près d'en identifier la cause.

Cuba a toujours rejeté toute implication dans ces incidents. «Nous pouvons confirmer que nous n'avons aucune hypothèse crédible ou explication scientifique justifiant les mesures de rétorsion américaines», a déclaré le 10 juin le ministère cubain des Affaires étrangères.

Ces «attaques» ont encore refroidi des relations déjà glaciales entre Washington et La Havane, les Américains reprochant aux autorités cubaines de ne pas avoir garanti la sécurité de leurs diplomates. Les États-Unis ont depuis réduit de moitié leur présence diplomatique à Cuba.