Après Saint-Martin mardi, Emmanuel Macron se rend mercredi au chevet de Saint-Barthélemy avec pour priorité affichée le «retour à la normale» et une reconstruction exemplaire des deux îles antillaises ravagées par l'ouragan Irma.

Le chef de l'État a passé la journée de mardi à Saint-Martin, puis dormi sur place. Il doit se rendre mercredi matin à Saint-Barthélemy, l'île voisine, un peu moins dévastée mais sans eau ni électricité, puis rencontrer des blessés au CHU de la Guadeloupe.

Il a participé mardi soir à une patrouille des forces de l'ordre et plaidé pour un désarmement de l'île, jugeant «pas normal» qu'il y ait «autant d'armes en circulation» à Saint-Martin, «un problème endémique».

Juste après l'ouragan, l'île a été confrontée à des pillages, des «débordements inacceptables», a dit M. Macron, qui a annoncé que 3000 membres des forces de l'ordre seraient déployés sur ce territoire «d'ici la fin de la semaine».

Le président, qui a passé la journée de mardi à rencontrer la population, était venu «pour rassurer, consoler et entendre la colère» des habitants, encore palpable, près d'une semaine après l'ouragan qui a fait 11 morts dans la partie française de Saint-Martin et quatre côté néerlandais.

«Pourquoi êtes-vous venus?» lui a demandé, énervée, une jeune femme. «Nous sommes là depuis 6h00 du matin et on attend toujours, sous le cagnard», s'est indignée une autre, près de l'aéroport, espérant, comme beaucoup d'habitants, enfin rejoindre la Guadeloupe, puis la métropole. Le chef de l'État a assuré que «tous ceux qui veulent partir pourront le faire».

«Le retour à la normale est la priorité absolue», avait-il affirmé à son arrivée à Pointe-à-Pitre. «Saint-Martin renaîtra, je m'y engage», a-t-il promis, souhaitant une reconstruction exemplaire.

Défendant l'action du gouvernement, critiquée par une partie de l'opposition et des habitants, M. Macron a estimé que l'exécutif «a répondu dès que l'information a été donnée». Il s'est dit «favorable» à une commission d'enquête parlementaire, «mais au bon moment».

«Nous avons réagi rapidement»

Comme d'autres membres de l'opposition avant lui, Laurent Wauquiez, vice-président des Républicains (LR), a dénoncé mercredi sur franceinfo «six jours de manquements» de l'État, qui n'a «pas été à la hauteur».

«Si le moment venu, le Parlement veut poser des questions, nous y répondrons, totalement, complètement et j'ai hâte de le pouvoir le faire», a assuré mercredi matin le premier ministre Édouard Philippe, se disant «extrêmement fier de la réaction des services de l'État». «Nous avons réagi rapidement, massivement», a-t-il jugé.

Sur place, le ressenti est tout autre. «Nos élus locaux ne font pas le boulot. On n'était pas comme ça après Luis (ouragan de 1995, NDLR), c'est lamentable», a déploré auprès de l'AFP Nicaise Jasaron, 32 ans. «Une semaine après l'ouragan, on nous donne une bouteille d'eau, c'est avec ça qu'on va se laver», a-t-elle critiqué.

M. Macron a promis la reprise de la distribution d'eau potable sur le territoire «à partir du 20» septembre, mais en «quantité moins importante» qu'avant l'ouragan», et le retour de l'électricité «d'ici la fin de semaine dans tous les points sensibles».

Concernant les écoles, il a souhaité que certaines ouvrent «dès la semaine prochaine, même pour quelques heures», dans des «tentes gonflables», avant un retour à la normale «d'ici la Toussaint».

Les enseignants pourront se remettre de leur «traumatisme», voire quitter l'île et être remplacés par des volontaires en provenance de Guadeloupe, a précisé le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer.

«Bousculer les normes»

Un délégué interministériel a été nommé pour assurer la coordination de la reconstruction. Pour aller plus vite, M. Macron veut «bousculer toutes les normes et toutes les procédures».

Les ponts aériens et maritimes se poursuivaient mercredi pour évacuer les personnes les plus vulnérables et acheminer du fret et des vivres.

Des distributions alimentaires ont lieu, parfois dans la douleur. «J'ai faim et j'ai soif», avait protesté mardi une femme enceinte en larmes, à un point de ravitaillement d'urgence à Marigot.

Pour accélérer les évacuations, Airbus affrète mercredi avec la Croix-Rouge un A350 de Paris vers Pointe-à-Pitre avec du matériel (station de purification eau, lampes solaires, groupes électrogènes, etc.) et rapatriera 200 sinistrés. Un vol supplémentaire d'Air France est aussi prévu jeudi.

Les vols commerciaux reprennent par ailleurs mercredi à l'aéroport de Saint-Barthélemy.

Au total, Irma a tué 27 personnes dans les Caraïbes, dix à Cuba et douze en Floride.