Le premier ministre pakistanais Imran Khan a prêché mercredi l'« amitié » avec le voisin et rival indien après avoir annoncé l'ouverture prochaine d'un couloir sécurisé permettant aux Sikhs d'Inde de se recueillir sur le mausolée du fondateur de leur religion, dans l'est du Pakistan.

« Nous devons enterrer le passé », a affirmé Imran Khan lors de la cérémonie à Kartarpur, où se trouve le mausolée, alors que l'Inde commémore cette semaine le dixième anniversaire des attentats de Bombay, attribués à un groupe extrémiste basé au Pakistan.

Un commando armé du Lashkar-e-Taiba (LeT) avait attaqué la capitale économique du géant d'Asie du sud entre le 26 et le 29 novembre 2008, faisant 166 morts.

« Nos deux pays ont l'arme atomique [...] S'il ne peut y avoir la guerre, quelle alternative y a-t-il à l'amitié ? », s'est-il interrogé devant un parterre de plusieurs milliers de Sikhs.

« Dès que l'Inde fera un pas [vers le Pakistan], nous en ferons deux ! », a lancé Imran Khan, répétant des propos tenus lors de l'un de ses premier discours en tant que chef du gouvernement pakistanais.

D'après le projet présenté mercredi, un couloir grillagé sera aménagé et un pont construit entre les deux pays qui mènera directement au mausolée du gourou Baba Nanak, le fondateur de la religion sikhe, situé à Kartarpur, soit à 4 kilomètres à peine de la frontière indo-pakistanaise.

Dès l'achèvement des travaux, prévu fin novembre prochain, les 21 millions de Sikhs indiens pourront accéder au site sans devoir au préalable solliciter de visa pakistanais.

New Delhi demandait depuis longtemps à Islamabad qu'un tel couloir soit ouvert. Mais des années de froid diplomatique ont empêché la concrétisation d'un tel projet entre deux pays qui se sont livrés trois guerres depuis leur partition en 1947.

Ce « couloir de la paix » est « un message d'amour et de fraternité », a estimé Shah Mehmood Qureshi, le ministre pakistanais des Affaires étrangères, qui y voit « une précieuse opportunité entre les deux pays ». « Nous devrons prendre plus d'actions comme le couloir de Kartarpur pour une Asie du sud prospère », a-t-il lancé

Navjot Singh Sidhu, un ministre sikh de la province indienne du Pendjab, a qualifié l'initiative de « miracle ». « Cela ne s'était pas produit pendant 71 ans. Cela s'est fait en quelques mois », s'est-il réjoui lors d'une cérémonie à laquelle participaient également deux ministres fédéraux indiens, Harsimrat Kaur Badal et Hardeep Singh Puri, tous deux de confession sikh.

« Une nouvelle histoire s'écrit à présent », a commenté Mme Badal, alors que dans le public, Birsa Singh, un agriculteur de 65 ans venu du Pendjab indien, a salué « un jour important ».

Se recueillir à Kartarpur, un petit mausolée blanc coiffé d'un dôme, « c'est comme d'aller à la Mecque » pour un musulman, a comparé cet homme arborant un turban jaune.