Coups de poing et jets de projectiles : les députés en sont venus aux mains jeudi au Parlement du Sri Lanka où une lutte au sommet de l'État dure depuis près de trois mois.

Le 26 octobre, le président Maithripala Sirisena a limogé dans des conditions jugées litigieuses le chef du gouvernement Ranil Wickremesinghe pour le remplacer par l'ex-homme fort de l'île (2005-2015) Mahinda Rajapakse.

Mercredi, le Parlement a voté une motion de censure contre ce dernier.

« On avait du mal à savoir qui tapait sur qui, plusieurs personnes ont été blessées, mais pas grièvement », a déclaré à l'AFP un responsable parlementaire. « Le président a ajourné la séance ».

D'après ce responsable, un député appartenant au parti de Mahinda Rajapakse s'est blessé en tentant d'arracher le micro des mains du président de la chambre, Karu Jayasuriya, et a dû être transporté à l'hôpital.

Le président du Parlement, lequel avait été dissous par le chef de l'État avant que la Cour suprême n'invalide cette décision, avait débuté la séance en annonçant que le pays n'avait désormais plus de gouvernement.

« A l'heure d'aujourd'hui, il n'y a plus de premier ministre, plus de ministres, et plus de gouvernement au Sri Lanka », a-t-il déclaré. « Je ne reconnais personne comme premier ministre ».

L'adoption de la motion de censure contre M. Rajapakse ainsi que l'arrêt de la Cour suprême constituent une avancée importante pour M. Wickremesinghe. Le chef du gouvernement limogé, qui a occupé ces fonctions à quatre reprises et est apprécié de l'Occident pour ses réformes économiques, refuse depuis le 26 octobre de quitter sa résidence officielle.

Devant le Parlement où il parlait en tant que député ordinaire, l'ancien homme fort de ce pays de 21 millions d'habitants en majorité bouddhistes a réclamé des élections pour mettre fin à la crise.

« Allons-y pour une élection. Nous voulons des élections, des élections législatives », a lancé M. Rajapakse.  

La formation de son rival a immédiatement présenté au vote des députés une motion rejetant cet appel, ce qui a déclenché l'ire des partisans des deux camps.

La Constitution confère au président Sirisena le pouvoir de nommer un premier ministre et son gouvernement mais le chef de l'État n'a pas encore fait connaître sa réaction à la motion de censure. Mercredi, il avait accusé M. Jayasuriya d'avoir violé le règlement parlementaire.

La crise paralyse le gouvernement et les inquiétudes sur la santé de l'économie et la capacité du Sri Lanka à rembourser sa gigantesque dette extérieure vont croissant.