Le gouvernement malaisien a décidé l'abolition de la peine capitale, un châtiment qui suscitait une opposition de plus en plus grande dans ce pays qui compte plus de 1200 détenus dans les couloirs de la mort.

« Le gouvernement est d'accord pour abolir la peine de mort », a déclaré à l'AFP le ministre malaisien des Communications Gobind Singh Deo. « J'espère que la loi sera bientôt amendée. »

La peine capitale, par pendaison, est actuellement prévue par la loi malaisienne pour toute une série de crimes allant du meurtre à l'enlèvement, en passant par la possession d'armes à feu et le trafic de drogue.

Le gouvernement a opté pour l'abolition en raison d'une opposition grandissante des Malaisiens à l'égard de la peine de mort, a indiqué le ministre.

Un haut responsable de l'exécutif, Liew Vui Keong, a indiqué jeudi qu'un moratoire sur les exécutions de condamnés serait appliqué, selon les médias locaux.

« Comme nous abolissons cette peine, les exécutions ne devraient pas être menées », a-t-il dit au journal Star.

L'amendement supprimant la peine capitale sera soumis lundi prochain au Parlement.

Parmi les personnes qui risquaient d'être exécutées, figure notamment l'Australienne Maria Elvira Pinto Exposto, 54 ans, qui avait été condamnée en appel en mai pour trafic de drogue.

En avril 2017, l'organisation Amnistie internationale avait rangé la Malaisie au dixième rang des pays qui avaient exécuté le plus de condamnés à mort l'année précédente.  

Entre 2007 et 2017, 35 individus furent pendus en Malaisie, selon le New Straits Times.  

On dénombre à 1267 le nombre de prisonniers dans le couloir de la mort en Malaisie, ce qui représente 2,7 % de la population carcérale.

La décision d'abolir la peine de mort a été saluée par les organisations de défense des droits de l'homme qui avancent que l'effet dissuasif de la peine capitale n'est en aucun cas établi.

« La peine de mort est barbare et d'une inimaginable cruauté », a déclaré dans un communiqué N. Surendran, de l'organisation Avocats pour la liberté.

Il a estimé qu'après avoir aboli la peine capitale, la Malaisie aurait l'autorité morale pour se battre pour les personnes condamnées à mort à l'étranger.

Fin 2017, Amnistie internationale comptabilisait 142 pays abolitionnistes dans leur législation ou de facto, c'est-à-dire ceux n'ayant pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années.

Au total, toujours selon Amnistie, 993 exécutions ont été enregistrées en 2017 dans 23 pays, soit un recul de 4 % par rapport à 2016, et de 39 % par rapport à 2015, une année record qui avait comptabilisé 1634 exécutions.

Ces chiffres n'incluent pas la Chine, où Amnistie estime à des « milliers » le nombre d'exécutions chaque année, mais où les statistiques en la matière relèvent toujours du secret d'État.

L'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak et le Pakistan ont procédé à eux quatre à 84 % des exécutions recensées dans le monde. Les exécutions capitales ont toutefois diminué de 31 % au Pakistan et de 11 % en Iran l'an dernier par rapport à 2016.

LA PEINE DE MORT DANS LE MONDE

La Malaisie, qui a annoncé jeudi qu'elle allait abolir la peine de mort, rejoindra les quelque trois quarts des pays dans le monde qui ont supprimé le châtiment suprême « en droit ou en pratique », selon le rapport 2017 d'Amnistie internationale.

Près de 150 pays abolitionnistes

Fin 2017, Amnistie internationale comptabilisait 142 pays abolitionnistes dans leur législation ou de facto, c'est-à-dire ceux n'ayant pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années. Soit près des trois quarts des 195 pays dans le monde. Parmi eux, 106 ont aboli la peine de mort par la loi, pour tous les crimes, selon l'organisation de défense des droits de l'homme. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Europe et en Asie centrale.

L'année dernière, deux pays - la  Guinée et la  Mongolie - ont aboli la peine capitale dans leur législation. Le  Guatemala est devenu abolitionniste pour les crimes de droit commun uniquement.

L'Afrique subsaharienne a réalisé d'importants progrès vers l'abolition de la peine de mort, avec une diminution significative du nombre de sentences capitales recensées dans toute la région.

Le Burkina Faso, la Gambie, le Kenya et le Tchad ont pris des mesures pour supprimer ce châtiment en adoptant de nouvelles législations ou en déposant des projets de loi en ce sens. Seuls le Soudan du Sud et la Somalie ont procédé à des exécutions en 2017 en Afrique, contre cinq pays en 2016.  

Selon Amnistie, le Belarus est le seul pays d'Europe et Asie centrale à recourir à la peine de mort et le nombre d'exécutions y a considérablement baissé. Le Kazakhstan, la Russie et le Tadjikistan ont maintenu leur moratoire sur la peine capitale.

Des exécutions dans 23 pays

Au total, 993 exécutions ont été enregistrées en 2017 dans 23 pays, soit un recul de 4 % par rapport à 2016, et de 39 % par rapport à 2015, une année record qui avait comptabilisé 1634 exécutions.

Ces chiffres n'incluent pas la Chine, où Amnistie estime à des « milliers » le nombre d'exécutions chaque année, mais où les statistiques en la matière relèvent toujours du secret d'État.

L'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak et le Pakistan ont procédé à eux quatre à 84 % des exécutions recensées dans le monde. Les exécutions capitales ont toutefois diminué de 31 % au Pakistan et de 11 % en Iran l'an dernier par rapport à 2016.

Bahreïn, les Émirats arabes unis, la Jordanie et le Koweït ont repris les exécutions en 2017. A l'inverse, Amnistie n'a enregistré aucune exécution dans cinq pays qui avaient appliqué la peine de mort en 2016 : Indonésie, Nigeria, Soudan, Botswana et Taïwan. Ces deux derniers pays ont toutefois connu au moins une exécution depuis début 2018.

De son côté, la Thaïlande a exécuté un condamné en juin dernier, pour la première fois depuis 2009.

Pour la neuvième année consécutive, les États-Unis ont été en 2017 le seul pays du continent américain à mettre à mort des prisonniers (23 exécutions et 41 condamnations à mort).

Le Japon, seul autre pays riche à pratiquer la peine capitale, a pendu quatre condamnés en 2017, mais plus d'une centaine attendaient encore dans les couloirs de la mort.

Le 26 juillet, les 13 condamnés à mort de la meurtrière secte Aum, responsable de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, ont tous été exécutés.

Les méthodes d'exécution utilisées à travers le monde en 2017 ont été la décapitation, la pendaison, le peloton d'exécution et l'injection létale. En Iran, une trentaine d'exécutions publiques ont eu lieu.