Le pape François a appelé mercredi l'ensemble des catholiques chinois à la «réconciliation» après un accord historique avec Pékin sur la nomination des évêques, dont il a toutefois reconnu qu'il pourrait créer «beaucoup de confusion».

«J'invite en conséquence tous les catholiques chinois à se faire artisans de réconciliation», écrit le pape dans un «message aux catholiques chinois», reconnaissant que certains d'entre eux pourraient avoir la «sensation d'avoir été comme abandonnés par le Saint-Siège».

Dans l'avion qui le ramenait mardi d'Estonie, Jorge Bergoglio avait déjà évoqué la «souffrance» en Chine des catholiques, dont le nombre n'est que de quelque 12 millions dans ce pays de près de 1,4 milliard d'habitants, divisés depuis des décennies entre une Église «patriotique» contrôlée par le régime communiste et une Église clandestine qui ne reconnaissait que l'autorité du pape.

«Quand se fait un accord de paix ou une négociation, les deux parties perdent quelque chose. C'est la règle», avait-il alors déclaré. «Prions pour les souffrances de quelques-uns qui ne comprennent pas ou qui ont derrière eux tant d'années de clandestinité», avait dit le pape.

Le Vatican a signé samedi un accord historique avec le régime communiste de Pékin, portant sur l'épineuse question de la nomination des évêques en Chine, au moment même où des églises y sont détruites à coups de bulldozer.

Aux termes de cet accord qualifié de «provisoire», le pape François a reconnu sept évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval, ainsi qu'un huitième évêque à titre posthume.

Dans son message rendu public mercredi dans plusieurs langues dont le mandarin, il invite ces sept évêques chinois à «exprimer, par des gestes concrets et visibles, l'unité retrouvée» avec le Vatican.

L'accord conclu samedi «s'avèrerait inefficace et stérile, dans le cas où il ne serait pas accompagné d'un profond engagement de renouveau des attitudes personnelles et des comportements ecclésiaux», avertit encore le pape.

Interrogation sur Taïwan

«Dans cet esprit et avec les décisions prises, nous pouvons commencer un parcours inédit, qui, nous l'espérons, aidera à guérir les blessures du passé, à rétablir la pleine communion de tous les catholiques chinois et à ouvrir une phase de collaboration plus fraternelle», affirme-t-il aussi.

Interrogé mercredi sur cet accord, le ministère chinois des Affaires étrangères a répondu qu'il ne disposait pas de «davantage de détails» par rapport à l'annonce faite samedi.

«La Chine souhaite sincèrement améliorer ses relations avec le Vatican et nous avons pris des mesures pour y parvenir», a déclaré son porte-parole Geng Shuang au cours d'un point de presse.

Une voix s'est toutefois élevée contre cet accord, celle de l'évêque émérite de Hong Kong, Joseph Zen, pour qui il est le signe que le Vatican est prêt à renoncer à ses relations officielles avec Taïwan, dont il demeure le seul allié en Europe.

«Le Saint-Siège, le Vatican, est prêt à abandonner Taïwan», a-t-il dit mercredi aux journalistes à Hong Kong.

«J'ai peur que les Taïwanais ne le comprennent pas car cela ressemble à la trahison d'un ami».

Connu pour son franc-parler et pour son inlassable combat en faveur des libertés politiques, Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong, s'est toujours élevé contre tout accord entre l'Église catholique et Pékin, estimant qu'il s'agirait d'un trahison à l'égard des membres persécutés de l'Église non officielle en Chine.

L'île de Taïwan vit sa propre destinée depuis 1949, quand les nationalistes du Kuomintang (KMT) ont fui la Chine continentale après leur défaite face aux troupes communistes de Mao Tsé Toung.

Mais Pékin la considère toujours comme une partie intégrante de son territoire pouvant être reprise par la force le cas échéant.

La Chine exige de ses alliés qu'ils coupent leurs liens diplomatiques avec Taipei et le Vatican est l'un des 17 derniers États du globe à reconnaître le gouvernement de Taïwan.