Le président philippin Rodrigo Duterte a ordonné mardi l'arrestation du parlementaire Antonio Trillanes, l'un de ses principaux détracteurs et le deuxième sénateur à risquer de terminer derrière les barreaux.

Actuellement reclus dans le Sénat pour éviter cette arrestation, M. Trillanes est l'une des personnalités les plus critiques de la meurtrière «guerre contre la drogue» déclenchée par un président qu'il a aussi accusé de corruption.

Il s'est par ailleurs attiré les foudres présidentielles pour avoir accusé le fils de M. Duterte, Paolo, d'appartenir à une triade chinoise ayant importé dans l'archipel une vaste quantité de méthamphétamines.

L'opposition a d'emblée accusé l'ordre présidentiel de politique, en dressant un parallèle avec l'arrestation en février 2017 de la sénatrice Leila de Lima, une autre adversaire acharnée de M. Duterte.

L'ordre d'arrêter M. Trillanes est lié à l'annulation d'une amnistie qui lui avait été accordée en 2010 pour son rôle dans une tentative de coup d'État contre l'ancienne présidente Gloria Arroyo.

«Les forces armées des Philippines et la police nationale philippine ont l'ordre d'utiliser tous les moyens légaux pour appréhender (...) Trillanes», peut-on lire dans cet ordre publié par le Manilla Times.

Le gouvernement affirme que M. Duterte aurait annulé l'amnistie au motif que le sénateur, un ancien officier de la marine, n'aurait pas rempli ses obligations qui impliquaient qu'il fasse une demande officielle d'amnistie en reconnaissant sa culpabilité.

Rodrigo Duterte est actuellement en visite officielle en Israël.

Jeune officier de la marine, M. Trillanes avait aidé à mener deux brèves tentatives de coup d'État contre Gloria Arroyo, en 2003 et 2007, soupçonnés entre autres de corruption.

Emprisonné pendant sept ans, il était devenu la première personne à se faire élire au Sénat en faisant campagne derrière les barreaux.

En 2010, le prédécesseur de M. Duterte, Benigno Aquino, l'avait gracié aux côtés des autres comploteurs.

Le sénateur a indiqué aux journalistes avoir demandé à ses avocats d'étudier les moyens «d'invalider ce stupide ordre», en ajoutant qu'il n'avait «aucun fondement».

«C'est un exemple clair de persécution politique, mais je ne céderai pas», a-t-il dit dans un communiqué.

Dans un entretien à l'AFP en septembre 2017, M. Trillanes avait accusé le président d'être «un sociopathe» avec «l'état d'esprit d'un tueur à gages».

Peu auparavant, M. Trillanes avait entendu Paolo Duterte dans le cadre d'une commission d'enquête sénatoriale. «Je le détruirai ou il me détruira», avait répliqué le président au sujet du sénateur.