La Corée du Nord a commencé à restituer aux États-Unis les dépouilles de soldats américains tués pendant la guerre de Corée (1950-1953), comme s'était engagé à le faire Pyongyang lors du sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong-un, a annoncé la Maison-Blanche jeudi soir.

La Corée du Nord a lancé le processus complexe de restitution des dépouilles de militaires américains tués lors de la guerre de Corée il y a plus de 65 ans, comme elle s'y était engagée en juin lors d'un sommet historique avec les États-Unis.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un « remplit aujourd'hui une part de l'engagement qu'il a pris » auprès du président américain Donald Trump « de restituer nos soldats américains tombés », a annoncé jeudi soir la Maison-Blanche. « Nous sommes encouragés par les actes de la Corée du Nord et cette séquence favorable à un changement positif », a-t-elle ajouté.

Un avion de l'US Air Force « contenant les dépouilles de soldats tombés au combat a quitté Wonsan en Corée du Nord » pour les transférer sur la base aérienne d'Osan, en Corée du Sud, selon la présidence américaine, qui n'a pas précisé combien de restes humains sont concernés. Il y est arrivé vendredi, en heure locale coréenne. Une cérémonie formelle de rapatriement aura lieu le 1er août.

Cette annonce coïncide avec une date symbolique: le 27 juin marque l'anniversaire de l'armistice qui avait mis un terme au conflit de 1950-1953, même si aucun traité de paix formel n'a jamais été conclu.

Il s'agit du dernier des quatre engagements de la déclaration de Singapour signée le 12 juin par Donald Trump et Kim Jong-un.

« Les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée s'engagent à retrouver les dépouilles des prisonniers de guerre et des soldats portés disparus au combat » et à « rapatrier immédiatement ceux qui ont déjà été identifiés », affirmaient-ils.

Dès les jours qui ont suivi le sommet, la restitution des premières dépouilles a été présentée comme imminente côté américain. Mais les discussions se sont révélées plus complexes que prévu, et il a fallu, pour débloquer la situation, une visite du secrétaire d'État américain Mike Pompeo à Pyongyang début juillet, puis des réunions de travail entre délégations des deux pays à la frontière entre les deux Corées.

La dénucléarisation patine

La concrétisation de cette promesse n'est pour l'instant que toute relative: selon Washington, il s'agit d'une « première étape significative pour reprendre le rapatriement » mais aussi « les opérations de terrain en Corée du Nord afin de retrouver les quelque 5300 Américains qui ne sont jamais rentrés à la maison ».

Un premier accord entre Washington et Pyongyang avait permis le rapatriement de 229 lots de dépouilles entre 1990 et 2005. Mais ce processus avait fait les frais de la dégradation des relations.

Sa reprise, même s'il s'agit d'un point secondaire, est une bouffée d'oxygène pour l'administration Trump, qui peine à apporter la preuve que le sommet de Singapour et le spectaculaire rapprochement entre les États-Unis et la Corée du Nord portent leurs fruits.

Après avoir salué le début de démantèlement par le régime reclus des infrastructures de sa principale base de lancement de satellites, le président américain a vu dans cette nouvelle étape un nouveau signe encourageant.

Mais dans les faits, les négociations patinent sur l'enjeu crucial des relations entre les deux pays longtemps ennemis: la dénucléarisation nord-coréenne. Hormis ce début de démantèlement d'un site, qui reste à vérifier, aucune avancée concrète n'a été annoncée depuis le 12 juin et, malgré la poursuite des tractations, les modalités et le calendrier du démantèlement « complet » et « vérifié » du programme nucléaire de Pyongyang demeurent inconnus.

La définition même de dénucléarisation telle qu'envisagée par Kim Jong-un reste floue, et son régime n'a jamais fourni une déclaration exhaustive de ses installations et de son arsenal.

Face à ces atermoiements, Washington, tout en affichant son optimisme, souffle le chaud et le froid.

Après avoir réclamé une dénucléarisation « sans délai » qui démarre « très rapidement » pour que « l'essentiel du désarmement » soit achevé d'ici fin 2020 au terme du premier mandat de Donald Trump, l'administration américaine a récemment assuré que rien ne presse et qu'il « n'y a pas de date butoir ».

Mais des signes d'impatience percent, d'autant qu'en parallèle, la pression internationale commence à se relâcher, la Chine et la Russie notamment étant accusées de ne plus mettre en oeuvre aussi fermement qu'avant les sanctions de l'ONU.

« Nous sommes engagés dans une diplomatie patiente, mais nous ne laisserons pas cela s'éterniser sans résultat », a ainsi prévenu mercredi Mike Pompeo, reconnaissant devant le Congrès américain que la Corée du Nord continue de produire des matériaux fissiles.