Deux contre-torpilleurs américains sont entrés samedi dans le détroit de Taïwan, qui sépare la Chine de l'île, à un moment où les tensions entre Pékin et Washington sont élevées.

L'USS Mustin et l'USS Benton - ce dernier équipé pour la défense antimissile (BMD) - sont entrés samedi matin (heure locale) dans ce bras de mer de 180 kilomètres de large et naviguaient en direction du nord-est, a annoncé dans un communiqué le ministère taïwanais de la Défense.

L'armée taïwanaise «surveille la situation dans les régions avoisinantes» et a «la capacité de maintenir la stabilité régionale et de défendre la sécurité nationale», a déclaré le ministère.

Un responsable du ministère a indiqué à l'AFP que les deux navires se trouvaient toujours dans le détroit samedi soir, naviguant dans les eaux internationales.

Le capitaine Charlie Brown, porte-parole de la flotte américaine du Pacifique, a confirmé que deux bâtiments américains naviguaient dans le détroit, mais il a minimisé l'importance de leur présence.

«Des navires de l'US Navy transitent entre la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale par le détroit de Taïwan et ils le font depuis de nombreuses années», a déclaré le capitaine Brown à l'AFP.

Toutefois, ce passage de navires américains intervient alors que les prétentions de Pékin en mer de Chine méridionale, où Washington effectue régulièrement des opérations dites «de liberté de navigation», avivent les tensions entre la Chine et les États-Unis.

Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Taipei en 1979 pour reconnaître Pékin, mais reste l'allié le plus puissant de l'île et son fournisseur d'armes numéro un. Les États-Unis ont notamment récemment approuvé une licence permettant la vente de technologies de sous-marins à Taïwan.

Depuis 1979, les relations entre Taïwan et les États-Unis se sont faites discrètes pour éviter d'irriter la Chine, qui considère l'île comme une partie intégrante de son territoire susceptible d'être reprise par la force.

Depuis l'arrivée au pouvoir de la présidente Tsaï Ing-wen à Taipei il y a deux ans, la Chine montre de plus en plus ses muscles sur le sujet.

À Pékin, la présidence de Xi Jinping est marquée par la rhétorique de la «grande renaissance de la nation chinoise», et M. Xi a clairement averti que les menaces contre l'intégrité territoriale de la Chine ne seraient pas tolérées.

Pékin a mené dernièrement une série de manoeuvres militaires, dont un exercice à tir réel dans le détroit de Taïwan en avril, déclarant sa volonté de faire face aux «forces indépendantistes» taïwanaises.

Sur le plan diplomatique, la Chine a convaincu quatre pays de cesser de reconnaître Taïwan depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Tsaï, et à présent seuls 18 pays dans le monde reconnaissent encore Taipei plutôt que Pékin.

Par ailleurs, un nombre croissant de compagnies aériennes et de firmes ont été contraintes, en raison de pressions de Pékin, de remplacer le nom de Taïwan par «Taïwan, Chine» et celui de Taipei par «Taipei chinois».

La présidente Tsaï accuse la Chine de vouloir changer le statu quo entre les deux parties et a appelé la communauté internationale à «contenir» les ambitions de Pékin.