L'ONU a demandé mercredi que les droits de l'homme figurent au menu des deux sommets prévus avec la Corée du Nord sous peine de «fragiliser» tout accord sur une dénucléarisation de la péninsule coréenne.

«La paix et la sécurité ne peuvent pas être obtenues uniquement par des accords entre gouvernements, mais aussi, et peut-être de façon plus importante, par des politiques intérieures qui garantissent la pleine jouissance des droits humains, sans discrimination», écrit dans un communiqué Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), nom officiel de la Corée du Nord.

L'expert souligne qu'un «accord de dénucléarisation restera fragile s'il laisse de côté les droits et les besoins de la population de la RPDC».

Vendredi, le numéro un nord-coréen Kim Jong-un va rencontrer le président sud-coréen Moon Jae-in dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule. Et fin mai ou début juin, il devrait participer à un sommet historique avec le président américain Donald Trump dans un endroit non encore précisé.

Le but essentiel de ce tourbillon diplomatique est de convaincre Pyongyang de renoncer à son armement nucléaire.

Et la ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha a d'ores et déjà affirmé que la question des droits de l'Homme ne serait pas discutée.

«La RPDC a prouvé qu'elle était dure en négociation, et ne pas même mentionner les droits de l'Homme à ce tout premier stade des négociations serait un faux pas et une occasion perdue», estime M. Ojea Quintana.

L'expert de l'ONU cite plusieurs sujets «les moins controversés» qui pourraient figurer au menu de ces discussions: la réunion des familles coréennes séparées par la guerre (1950-53), la libération d'étrangers arbitrairement détenus, l'impact négatif des sanctions sur (...) la population nord-coréenne.

Il ajoute qu'un «engagement de la RPDC à coopérer avec les mécanismes de l'ONU offrirait une occasion parfaite de tester les progrès dans les négociations».

Le rapporteur spécial conclut en demandant une nouvelle fois aux autorités de Pyongyang de lui permettre de faire une visite officielle en RPDC.

Le gouvernement nord-coréen a violemment réagi mardi soir à la publication du rapport annuel 2017 sur les droits de l'homme dans le monde du département d'État américain, dans lequel le Nord est accusé de «violations flagrantes des droits de l'homme», allant des exécutions en place publique à la surveillance généralisée de ses citoyens.

Pyongyang a jugé «ridicules» ces accusations venant d'un pays qui s'est autoproclamé «juge des droits de l'homme» et où la culture des armes à feu est «comme un cancer».