Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a fait part de sa «tristesse» teintée «d'amertume» après la mort de dizaines de touristes chinois dans l'accident de leur autobus tombé d'un pont.

Trente-deux touristes chinois et quatre employés nord-coréens ont péri lors du drame survenu dimanche au sud de Pyongyang, selon des responsables chinois. Deux autres ressortissants chinois ont été blessés.

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a rapporté mardi que Kim Jong-un avait rencontré personnellement l'ambassadeur de Chine à Pyongyang avant de se rendre à l'hôpital au chevet des blessés. Les médias officiels nord-coréens étroitement contrôlés font rarement état d'informations négatives.

Rodong Sinmun, journal du parti unique au pouvoir, a publié l'événement en une, y compris avec des photos montrant Kim en blouse blanche auprès de survivants.

Ce type de couverture est rare en Corée du Nord, où la presse a plutôt l'habitude de montrer son dirigeant en train de présider des cérémonies officielles ou de visiter des usines ou des unités militaires.

«Cet accident soudain et inattendu lui a causé une amère tristesse», a dit KCNA. «Il n'a pu maîtriser sa douleur à l'idée des familles en deuil qui ont perdu les leurs».

Le peuple nord-coréen «considère cet accident tragique comme son propre malheur».

Ces commentaires témoignent de l'importance que revêt la Chine et son tourisme pour l'économie du pays.

Pékin est le seul allié d'importance de Pyongyang, son partenaire diplomatique et son bienfaiteur économique.

Les relations bilatérales, forgées dans le sang de la guerre de Corée (1950-53) avaient tourné au vinaigre ces dernières années, Pékin se montrant de plus en plus exaspéré par les ambitions nucléaires de son voisin.

Néanmoins, les liens se sont réchauffés avec la détente en cours sur la péninsule, M. Kim effectuant à Pékin le mois dernier sa première visite à l'étranger en tant que dirigeant.

Tourisme essentiellement chinois

La vaste majorité des touristes visitant la Corée du Nord viennent de Chine: les deux pays partagent une longue frontière terrestre et des vols réguliers relient Pyongyang à plusieurs villes chinoises.

On estime que plusieurs dizaines de milliers de Chinois visitent chaque année le pays, un grand nombre s'y rendant en train via la ville frontalière de Dandong.

En revanche, seuls 5000 visiteurs occidentaux, dont environ 20% d'Américains, se rendaient chaque année dans le pays ermite. Mais leur nombre a plongé après que les États-Unis ont interdit à leurs ressortissants d'y voyager tandis que d'autres pays multipliaient les avertissements, sur fond d'escalade des tensions autour du programme nucléaire de Pyongyang.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a précisé mardi avoir dépêché à Pyongyang des représentants ainsi que cinq experts médicaux pour aider la Corée du Nord à soigner les blessés.

D'après l'agence officielle Chine Nouvelle, le bus a plongé d'un pont dans la province de Hwanghae Nord.

La télévision d'État chinoise CCTV a diffusé une vidéo montrant un véhicule renversé, en pleine nuit et sous une pluie légère, ainsi que des véhicules de secours et un médecin prenant soin d'un blessé.

KCNA a parlé d'un «accident de la route inattendu ayant occasionné un lourd bilan» parmi des touristes chinois, sans fournir de chiffres.

La province du Nord Hwanghae est frontalière de la Corée du Sud. La région comprend la ville de Kaesong, connue pour ses quartiers anciens pittoresques. Elle abritait une vaste zone industrielle intercoréenne, où des usines sud-coréennes employaient des ouvriers du Nord. Séoul a fermé cette zone en 2016 en riposte à un nouvel essai nucléaire de Pyongyang.

Le réseau routier nord-coréen est pour l'essentiel rudimentaire. Les routes sont souvent criblées de nids-de-poule. Dans de nombreuses régions, il s'agit de pistes de terre plutôt que de voies goudronnées.

Mais la route entre Pyongyang et Kaesong est réputée être l'une des meilleures du pays.

Elle relie Sinuiju, à la frontière chinoise, et la Zone démilitarisée qui divise la péninsule coréenne.