Une première famille de musulmans rohingyas, enfuis au Bangladesh à la suite de ce que l'ONU dénonce comme un nettoyage ethnique en 2017 en Birmanie, est rentrée, a annoncé le gouvernement birman.

«Les cinq membres de cette famille ont été renvoyés chez des proches à Maungdaw», épicentre des violences, selon un communiqué diffusé samedi soir sur Facebook, avec des photos de la famille s'enregistrant auprès de responsables birmans.

Le gouvernement «va vérifier avec eux quelles sont les difficultés rencontrées par les personnes ayant fui à cause des conflits» afin d'«améliorer le processus de rapatriement», assure le gouvernement.

Il ne précise pas cependant si ce premier retour, symbolique, doit être suivi sous peu par d'autres, alors que 700 000 Rohingyas s'entassent dans des camps insalubres au Bangladesh et que des épidémies y sont redoutées à l'approche de la saison des pluies.

La question du retour des réfugiés est suivie de près par la communauté internationale, les ONG s'inquiétant de l'impréparation de la Birmanie, censée construire des camps d'accueil temporaires, les villages rohingyas ayant été souvent brûlés dans les violences.

S'ajoute à cela la forte haine anti-rohingya en Birmanie, attisée par le nationalisme bouddhiste.

La Birmanie accusait jusqu'ici le Bangladesh d'être la cause du retard dans le rapatriement.

Deux ans pour rapatrier

Les deux pays se sont donné en janvier deux années pour régler la question du retour des Rohingyas.

Les inquiétudes portent notamment sur la situation actuelle en Birmanie, où des centaines de villages rohingyas ont été rasés par des soldats et des manifestants bouddhistes.

Et certains craignent que de nombreux réfugiés rohingyas ne soient durablement parqués dans des camps.

La Birmanie avait envoyé en février au Bangladesh une liste de plus de mille rebelles rohingyas présumés, accompagnée de photos, ajoutant aux inquiétudes sur le sort réservé à ceux qui voudraient éventuellement revenir.

Dans son communiqué samedi soir, le gouvernement birman s'en tient à la ligne habituelle, selon laquelle les réfugiés ont fui à cause des «violences terroristes», pas d'un nettoyage ethnique par l'armée.

Les violences de 2017 ont débuté après des attaques d'une rébellion rohingya, mais l'armée est accusée d'exactions de masse, meurtres, viols...

La Coup pénale internationale a menacé d'ouvrir une enquête sur cette «expulsion» massive.

Les réfugiés interrogés côté Bangladesh par l'AFP disaient tous leur peur de rentrer en Birmanie et préférer rester dans les immenses camps insalubres où ils vivent au Bangladesh.

Plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire, les Rohingyas sont victimes de nombreuses discriminations.

Ils n'ont pas de papiers d'identité et ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et les hôpitaux.

Deux journalistes de Reuters sont emprisonnés et accusés d'«atteinte au secret d'Etat» pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas en 2017. Ils risquent 14 ans de prison.