Un haut responsable de la police de Karachi (sud), déclaré fugitif après avoir été accusé d'avoir organisé des centaines d'exécutions extrajudiciaires, est apparu mercredi devant la Cour suprême du Pakistan, qui l'a fait interpeller.

Rao Anwar, jusqu'à récemment superintendant de la police de Karachi, s'est présenté mercredi matin devant la Cour, le visage couvert d'un masque chirurgical.

Il n'avait plus été vu depuis le 23 janvier, alors qu'il tentait de fuir le pays suite à un scandale provoqué par la mort par balles d'un apprenti mannequin de 23 ans, Naqeebullah Mehsud.

«Rao Anwar s'est présenté devant la Cour avec son avocat (...) et la Cour a ordonné son interpellation», a déclaré Faisal Siddiqui, avocat représentant Mohammad Khan Mehsud, le père du jeune homme tué.

Suite à sa mort, des milliers de personnes avaient manifesté au Pakistan pour exiger la fin des «rencontres homicides», terme qui désigne dans le pays les exécutions extrajudiciaires perpétrées par les forces de l'ordre, qui les déguisent en affrontements mortels avec des criminels.

Rao Anwar est accusé d'avoir organisé des centaines de ces exécutions, dont celle de Mehsud début janvier.

Naqeebullah Mehsud, très populaire sur Facebook pour ses danses loufoques et sa coupe de cheveux travaillée, avait été abattu avec trois autres personnes dans une opération qui, selon la police, visait les talibans. Tous les quatre étaient originaires du Sud-Waziristan, une zone tribale troublée frontalière de l'Afghanistan.

La Cour suprême a aussi ordonné l'ouverture d'une enquête sur Rao Anwar, qui n'est pas autorisé à quitter le territoire.

Le père de Naqeebullah Mehsud et des dizaines de ses proches étaient présents à l'audience lorsque le juge leur a intimé de «ne pas faire de mal» à M. Anwar et de s'abstenir de le menacer «directement ou indirectement».

«À présent, j'ai espoir d'obtenir justice», a déclaré M. Mehsud à l'AFP.

Les «rencontres homicides» se sont multipliées à Karachi depuis 2013 lorsque les forces paramilitaires et la police ont lancé une vaste opération visant les insurgés talibans, la criminalité organisée et les militants politiques violents.

La Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP) a comptabilisé au moins 598 exécutions extrajudiciaires en 2014 et 343 de plus en 2015.

L'indignation suscitée par la mort de Naqeebullah Mehsud s'est transformée ces derniers mois en un vaste mouvement de protestation dans la communauté pachtoune, qui s'estime discriminée au Pakistan.