Le président philippin Rodrigo Duterte a appelé dimanche d'autres pays à lui emboîter le pas et à se retirer du traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), qui se penche sur sa politique meurtrière contre la drogue.

M. Duterte s'en est pris au tribunal de La Haye deux jours après la notification officielle à l'ONU par son gouvernement de sa décision de se retirer du Statut de Rome.

« J'ai dit on se retire, pour l'annoncer au monde, et je vais convaincre tous ceux qui sont dans le traité : sortez, sortez ! », a lancé le président dans un discours devant des diplômés de l'académie militaire.

« Ce document n'a été préparé par personne. Il est commandité par l'Union européenne », a-t-il ajouté, accusant la CPI de s'en prendre « aux noirs ».

La cour établie à La Haye a annoncé début février l'ouverture d'un « examen préliminaire », étape préalable à une enquête, sur la campagne antidrogue menée par M. Duterte.

Cette politique sème l'inquiétude dans les rangs de la communauté internationale.

Élu dans un fauteuil en 2016, le président Duterte avait promis d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants.

Depuis son élection, près de 4100 trafiquants et usagers de drogue présumés ont été tués par la police, d'après les statistiques officielles.

Les défenseurs des droits de l'homme affirment qu'il faut en fait multiplier par trois ces chiffres pour obtenir le bilan réel des morts.

Le traité de Rome créant la CPI a été adopté en 1998, entrant en vigueur en 2002. Cette cour est chargée en particulier des crimes contre l'humanité, génocides et crimes de guerre.

La révocation ne deviendra effective qu'au bout d'un an. D'après les spécialistes et les défenseurs des droits, elle n'empêche pas des investigations sur les meurtres commis entre 2011, date de la ratification du traité par Manille et l'entrée en vigueur de son retrait.

M. Duterte a cependant assuré que la CPI ne pourrait le poursuivre. « Ce traité, si on le lit, c'est de la connerie », a-t-il lancé. La CPI est le résultat des efforts « des idiots blancs de l'UE » pour « se repentir » de leurs mauvaises actions en Afrique et au Moyen-Orient.

« Quand ces gens sont allés en Afrique, ils ont tué les Arabes. C'est en réalité l'expiation de leurs péchés », a-t-il accusé.