La Chine a annoncé lundi que son budget militaire, le deuxième du monde après celui des États-Unis, augmenterait de 8,1% en 2018, un rythme de croissance supérieur à l'an dernier.

Ce taux de croissance, plus élevé qu'en 2017 (+7%), a été annoncé par le gouvernement dans un rapport publié peu avant l'ouverture de la session annuelle du Parlement. L'enveloppe atteint 1107 milliards de yuans (175 milliards de dollars), selon ce rapport lu par le Premier ministre Li Keqiang.

La Chine a dépensé en 2017 un total de 151 milliards de dollars pour son armée, selon un récent rapport de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS), un cabinet spécialisé basé à Londres.

C'est quatre fois moins que les États-Unis (603 milliards). Mais nettement plus que l'Arabie saoudite (77), la Russsie (61), l'Inde (53), le Royaume-Uni (51) ou encore la France (49).

Pékin accroît ses dépenses de défense depuis plus de 30 ans pour combler son retard sur les armées occidentales. L'augmentation annuelle avait atteint presque 18% à la fin des années 2000.

Ces dernières années, le taux de croissance des dépenses militaires est globalement indexé à celui du PIB (6,9% en 2017) et cela «va probablement continuer», estime James Char, expert de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang, à Singapour. «En clair, il n'y aura pas de surmilitarisation.»

«La Chine octroie environ 2% de son PIB à son budget de défense, ce qui est la recommandation de l'OTAN à ses pays membres, donc on ne peut pas vraiment crier au loup. Mais on observe incontestablement une course aux armements en Asie, dont la modernisation militaire chinoise est en partie responsable», juge Juliette Genevaz, experte de la Chine à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire française à Paris.

En octobre, le président chinois Xi Jinping a appelé l'armée à achever sa modernisation d'ici 2035, et à être «de classe mondiale» à l'horizon 2050.

L'armée chinoise est encore peu présente à l'international: hormis ses participations aux missions de maintien de la paix de l'ONU, elle a 240 hommes dans l'unique base militaire qu'elle a pour l'instant ouverte à l'étranger (en 2017 à Djibouti), et sa marine patrouille dans le golfe d'Aden pour les opérations d'escorte anti-piraterie, selon l'IISS.

Les États-Unis comptent, eux, quelque 200 000 militaires déployés dans une quarantaine de pays sur les cinq continents.