La soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un sera la première représentante de la famille régnante à se rendre au Sud à l'occasion des jeux Olympiques d'hiver, nouveau signe du rapprochement en cours entre les deux Corées.

Kim Yo-Jong, une dirigeante du parti unique, fera partie d'une délégation de haut rang attendue vendredi au Sud et emmenée par le chef d'État honorifique de la Corée du Nord, a annoncé mercredi le ministère sud-coréen de l'Unification.

La péninsule est divisée par la Zone démilitarisée depuis la fin de la guerre en 1953, et les ambitions nucléaires de Pyongyang lui ont valu de multiples trains de sanctions de l'ONU.

Les tensions ont atteint des sommets l'an passé, le Nord menant des tirs de missiles balistiques intercontinentaux capables d'atteindre le territoire continental des États-Unis et un sixième essai nucléaire, son plus puissant à ce jour.

Mais les JO de PyeongChang sont l'occasion d'une «détente» entre les deux voisins.

«Il est hautement significatif qu'un membre de la famille Kim se rende au Sud pour la première fois de l'Histoire», a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes.

Selon toute vraisemblance, Kim Yo-Jong devrait rencontrer le président sud-coréen Moon Jae-In et lui remettre une lettre personnelle de son frère, exprimant l'espoir que les jeux soient réussis et que les relations bilatérales s'améliorent, a-t-il poursuivi.

«Cela va marquer les débuts de Kim Yo-Jong sur la scène internationale», a-t-il également souligné.

Une affaire de famille

Kim Yo-Jong, qui serait âgée d'une trentaine d'années, a été promue en octobre au bureau politique du Parti des travailleurs de Corée, l'instance de prise de décision présidée par son frère.

On l'a souvent vue accompagner son frère en «visite d'orientation sur le terrain» et elle était responsable des opérations de propagande du parti au pouvoir.

Le vice-président américain Mike Pence, qui sera également présent à PyeongChang, n'a pas exclu de rencontrer des Nord-Coréens. Ce qui ne l'a pas empêché d'avertir que Washington ne permettrait pas que le Nord prenne les jeux «en otage» et que les États-Unis s'apprêtaient à dévoiler les sanctions économiques «les plus dures» jamais prises contre Pyongyang.

Cette présence de M. Pence est peut-être ce qui explique la décision de M. Kim d'envoyer sa soeur au Sud, juge Koh Yu-Hwan, professeur à l'université Dongguk. «Sa visite va provoquer un cirque médiatique, volant la vedette à M. Pence qui veut mettre l'accent sur les abus des droits de l'Homme en Corée du Nord et ses programmes nucléaires».

La visite de trois jours de la délégation nord-coréenne va constituer le point d'orgue diplomatique du rapprochement entre Sud et Nord mais celui-ci pourrait ne pas durer, préviennent les experts.

Pendant des mois, le Nord est resté sourd aux appels de Séoul à participer aux «JO de la paix», jusqu'à ce que Kim Jong-Un ne lui tende la main le jour du Nouvel An.

Kim Il-Sung toujours président

Ce discours a précipité une série de rencontres qui ont vu les deux parties convenir de défiler ensemble à la cérémonie d'ouverture et former une équipe conjointe de hockey sur glace féminin.

La délégation nord-coréenne sera officiellement dirigée par Kim Yong-Nam, le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême - le Parlement contrôlé par le parti unique. Il occupe à ce titre les fonctions honorifiques de chef de l'Etat.

D'un point de vue protocolaire, c'est le plus haut responsable nord-coréen à se rendre au Sud de la DMZ.

PyeongChang seront ses troisièmes JO après Pékin en 2008 et Sotchi six ans plus tard.

Malgré son rôle diplomatique, son pouvoir politique réel est incertain.

Il ne détient pas le titre de président de la Corée du Nord, pas plus que Kim Jong-Un. Bien que décédé en 1994, ce titre reste incarné par Kim Il-Sung, le fondateur et président éternel de la République démocratique du peuple de Corée, nom officiel de la Corée du Nord.

La délégation comptera aussi dans ses rangs Ri Son-Gwon, le chef du Comité pour la réunification pacifique du pays, l'équivalent du ministère sud-coréen de l'Unification.