L'ancien ambassadeur du Bureau de la liberté de religion du Canada estime que la dirigeante de facto de la Birmanie et lauréate d'un prix Nobel de la Paix, Aung Sang Suu Kyi, a manqué une occasion de profiter de son statut pour dénoncer la persécution des musulmans dans son pays.

Mme Suu Kyi est largement critiquée pour ne pas avoir défendu les musulmans Rohingyas qui ont fui massivement leur province pour se réfugier au Bangladesh. Certains demandent même de lui retirer son prix Nobel de la Paix.

La Birmanie se justifie en disant que l'armée ne fait que répondre aux attaques de militants musulmans à des postes de sécurité.

Selon l'ancien représentant du Bureau de la liberté de religion du Canada, Andrew Bennett, il s'agit d'un «argument faible».

Lui même se souvient d'avoir été témoin de cette mauvaise opinion des musulmans au sein du pays majoritairement bouddhiste dans le cadre de son ancien emploi.

M. Bennett, qui est maintenant chercheur à l'Université Georgetown de Washington, croit que la dirigeante aurait dû profiter «du soutien incroyable» dont elle bénéficie pour «défendre fermement ses propres citoyens».

Aung Sang Suu Kyi a reçu la citoyenneté canadienne honoraire pour son combat pour la démocratie, qui l'a amenée purger une peine de détention de 15 ans à domicile. Elle a mené son parti à la victoire en 2015, lors des premières élections libres en 25 ans.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement fédéral s'est bien gardé de la critiquer.

Mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a témoigné sa «profonde inquiétude» face à l'afflux de réfugiés musulmans et aux allégations d'abus graves contre les Rohingyas. Affaires mondiales Canada s'est aussi dit «très alarmé par les allégations d'atteintes graves aux droits de la personne».

Selon un représentant du gouvernement, qui a requis l'anonymat, les violences sont perpétrées par les militaires, qui ne sont pas sous le contrôle de la dirigeante.

Andrew Bennett a rejeté cet argument, affirmant que Mme Suu Kyi pouvait facilement en faire davantage.

«Elle a un potentiel d'influence, et elle en a depuis quelque temps depuis que son parti a pris le pouvoir. Elle a eu un dialogue avec l'armée, mais je ne crois pas qu'elle n'a profité de cet avantage», a-t-il déclaré.