Il a beau tomber des cordes, les Nord-Coréens venus devant le mausolée du fondateur du régime Kim Il-Sung en ce jour anniversaire de la fin de la guerre prennent bien soin de poser leur parapluie avant de s'incliner respectueusement.

Certains à l'étranger redoutaient que Pyongyang ne saisisse le prétexte de cette date symbolique, appelée «Jour de la Victoire» par les Nord-Coréens, pour effectuer un nouveau tir de missile, quelques semaines après le premier lancement réussi d'un engin intercontinental.

Il n'en a rien été. C'est en tout cas ce qu'il semblait jeudi en fin d'après-midi.

À Pyongyang, le jour était férié pour permettre à la population de rendre hommage à la dynastie familiale qui dirige le pays depuis des décennies.

«Notre pays gagne toujours parce que nous avons les meilleurs leaders au monde», déclare Hong Yong-Dok, venu avec ses petites filles au Palais du Soleil Kumsusan, où reposent les corps des deux premiers dirigeants de la Corée du Nord, le grand-père et le père de l'actuel leader Kim Jong-Un.

Les Coréens ont souffert à cause des «impérialistes américains pendant des lustres», explique-t-il à l'AFP. «Même mes parents ont été tués par eux pendant la Guerre de Corée. Alors il faut apprendre à nos descendants à prendre leur revanche sur les impérialistes américains.»

Le 27 juillet est la date où, en 1953, l'armistice a été signé entre la Corée du Nord, la Chine et des forces de l'ONU soutenues par les États-Unis, mettant fin à des combats qui avaient débuté trois ans plus tôt.

«Ils me manquent»

La Corée du Nord se considère officiellement comme le vainqueur d'un conflit qu'elle appelle la Guerre de libération de la patrie. Mais aucun traité de paix n'a été conclu.

Et la dynastie des Kim n'a jamais renoncé à sa politique très militariste, encore renforcée depuis l'avènement fin 2011 de Kim Jong-Un, qui a accéléré les programmes visant à développer un missile intercontinental capable de porter le feu nucléaire sur le territoire américain.

C'est dans le Palais du Soleil Kumsusan que sont exhibés les corps embaumés de Kim Il-Sung et Kim Jong-Il.

Le père et le fils sont chacun exposés dans des halls distincts où des soldats montent la garde. Et jeudi un flot ininterrompu de visiteurs défilent et s'inclinent -trois fois- devant les boîtes vitrées.

«J'ai été émue aux larmes quand j'ai rencontré les grands leaders», confie après la visite Ri Sun-Gyong, 71 ans, la voix tremblante. «Ils me manquent toujours.»

Les Nord-Coréens rencontrés dans leur pays n'expriment généralement devant les médias étrangers que des sentiments approuvés par le régime.

Les tensions ont augmenté ces derniers mois en raison de l'accélération des programmes nucléaire et balistique interdits de Pyongyang, qui est sous le coup de nombreuses résolutions internationales assorties de sanctions.

La presse publiait jeudi un éditorial expliquant que la «ruine finale» était «déjà scellée» pour les États-Unis qui n'ont qu'une solution: «Renoncer à la politique anachronique à l'égard de la RPDC, s'agenouiller et présenter des excuses à son armée et à son peuple».

Décédé en 1994, Kim Il-Sung demeure le Président éternel de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) et Kim Jong-Il, mort en 2011, est le secrétaire général éternel du Parti des travailleurs.