La police birmane a évacué lundi un bidonville à la périphérie de Rangoun, la capitale économique, détruisant 4000 cabanes et arrêtant six personnes qui tentaient de s'opposer à cette première grande évacuation forcée du gouvernement d'Aung San Suu Kyi.

L'opération, qui a débuté aux premières heures du jour dans la banlieue de Hlegu, a été menée par des dizaines de policiers armés, accompagnés d'employés municipaux munis de bâtons, de râteaux et de tronçonneuses, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Bande d'idiots. Vous êtes diaboliques. Comment osez-vous faire ça?», hurlait une femme, en sortant de chez elle.

À ses côtés, beaucoup d'habitants s'en prenaient au gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, au pouvoir depuis un peu plus d'un an, et qu'ils accusent de poursuivre la politique du précédent gouvernement conduit par d'anciens généraux.

«Le gouvernement est inutile et nous avons eu tort de voter. Il a peur de l'armée. Comment pouvons-nous leur faire confiance?», a hurlé un autre habitant à l'adresse des policiers.

Cinq hommes et une femme qui s'opposaient ont été interpellés par la police, a constaté un photographe de l'AFP.

D'après un ancien fonctionnaire de la ville, un grand projet immobilier composé de plusieurs grands immeubles est prévu sur ce terrain.

L'exode rural et la hausse des loyers à Rangoun poussent des milliers de personnes à s'agglutiner dans des bidonvilles. Rangoun, la plus grande ville birmane et poumon économique du pays, compterait entre 10 et 15% de sa population dans ces quartiers.

Depuis la fin de la dictature militaire en 2011 et l'ouverture économique, l'accès à la terre est devenu un enjeu fondamental dans ce pays aux importantes ressources naturelles.

L'ancienne junte, qui a dirigé le pays pendant près de 50 ans, a confisqué de nombreuses terres, en particulier dans les zones rurales, et a organisé des expulsions massives dans plusieurs villes.

L'arrivée historique au pouvoir du parti du Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi il y a un peu plus d'un an a soulevé de grands espoirs dans la population.