Un étudiant en journalisme connu pour ses opinions progressistes a été battu à mort jeudi par des centaines d'autres étudiants dans une université du nord-ouest du Pakistan, ont indiqué la police et des témoins.

Mashal Khan a été dénudé, frappé, blessé par balle, et poussé du deuxième étage de sa résidence de l'université Abdul Wali Khan à Mardan, ont indiqué des sources au sein de l'établissement.

Des vidéos de la scène montrent des dizaines de jeunes hommes jetant des projectiles et tabassant le corps à terre.

Ce meurtre intervient après que les autorités pakistanaises ont donné de la voix ces dernières semaines contre le blasphème. Cette question est très sensible au Pakistan, pays conservateur où critiquer l'islam est passible de la peine de mort.

«L'étudiant a été brutalement assassiné par d'autres étudiants», a indiqué un officier de police, Niaz Saeed. «Il a été torturé après avoir été blessé par balle : frappé avec des bâtons, des briques», a-t-il détaillé. Des centaines de personnes sont impliquées dans le meurtre selon lui.

Au moins 11 étudiants ont été arrêtés, a indiqué la police, et le campus fermé jusqu'à nouvel ordre.

M. Saeed n'a pas détaillé le mobile du crime, qui fait l'objet d'une enquête.

Un source policière a néanmoins indiqué que des étudiants s'étaient récemment plaint auprès des autorités universitaires des opinions considérées comme laïques de Mashal Khan. Cette source a précisé que M. Khan et deux amis avaient eu un débat houleux avec d'autres étudiants au sujet de ses opinions religieuses, au point que des enseignants l'avaient enfermé dans une salle pour le protéger.

Un cadre de l'université a expliqué sous couvert de l'anonymat que ces enseignants sont intervenus «pour le protéger lui et ses deux amis, mais la foule a attaqué la salle, l'a torturé et tué». M. Khan était «critiqué par les autres pour ses opinions libérales, laïques, (...) et son absence à la prière du vendredi», a-t-il ajouté.

Le mois dernier, le premier ministre Nawaz Sharif a ordonné le retrait de tous les contenus blasphématoires des réseaux sociaux.

La loi anti-blasphème est critiquée par les défenseurs des droits de l'Homme, soulignant qu'elle est souvent détournée pour régler des différends personnels. Les libéraux accusent également les conservateurs de crier au blasphème pour faire taire leurs détracteurs.