Vingt fidèles d'un sanctuaire soufi du nord-est du Pakistan ont été tués à coups de couteaux et de bâtons après avoir été droguées et torturées par le gardien du site et deux complices présumés, qui ont tous été arrêtés, ont indiqué les autorités locales.

Quatre femmes figurent parmi les personnes tuées dans la matinée au sanctuaire de Mohammad Ali, situé près de Sargodha dans la province du Pendjab, selon la police.

Le motif exact de ce massacre restait à déterminer, mais plusieurs responsables locaux ont indiqué que le principal suspect, le gardien du site, Abdul Waheed, 50 ans, avait des problèmes psychologiques et l'habitude d'être violent avec les fidèles.

«Abdul Waheed a avoué avoir tué ces gens car il craignait qu'ils ne veuillent le tuer», a déclaré à l'AFP le chef de la police régionale, Zulfiqar Hameed.

«Le suspect semble paranoïaque ou psychotique, mais cela pourrait aussi être lié à une rivalité pour le contrôle du sanctuaire», a-t-il ajouté, précisant que l'enquête était en cours.

Selon Shamshir Joya, chef de la police locale, les victimes, dont les vêtements étaient déchirés et tachés de sang et dont certaines étaient nues, ont vraisemblablement été droguées avant d'être tuées, ce que devra confirmer l'autopsie.

«Les victimes ont été brutalement torturées à mort», a-t-il ajouté.

M. Joya a précisé que le sanctuaire, installé au milieu des champs, avait été érigé il y a deux ans et demi. Abdul Waheed, qui travailla un temps pour la commission électorale nationale, en avait pris la responsabilité après la mort d'un premier gardien.

Selon un responsables des services locaux de secours, Mazhar Shah, Abdul Waheed rencontrait une ou deux fois par mois les fidèles et utilisait régulièrement des procédés violents pour «soigner» leurs maux.

«Parfois il leur enlevait leurs vêtements et les brûlait», a déclaré M. Shah aux télévisons locales.

Cible de l'EI 

Le premier ministre du Pendjab Shahbaz Sharif a demandé à la police un rapport préliminaire sous 24 heures, a déclaré à l'AFP un haut responsable de l'État.

Beaucoup de Pakistanais fréquentent les sanctuaires religieux dans l'espoir de voir leurs prières exaucées, offrant à l'occasion des aumônes aux pauvres et des offrandes aux gardiens des sanctuaires.

Les tueries de masse y sont extrêmement rares.

Le ministre des Affaires religieuses, Zaeem Qadri, a indiqué que ses services géraient 552 sanctuaires dans la province, mais que celui où a eu lieu le massacre n'était pas enregistré.

Le soufisme, une branche mystique et tolérante de l'islam, est présent au Pakistan depuis des siècles. Ses adeptes ont contribué à la diffusion de l'islam sur le sous-continent indien au XIIIe siècle.

Les soufis croient aux saints, dont ils pensent qu'ils peuvent intercéder directement auprès de Dieu en leur faveur. Ils sont dépourvus de hiérarchie et d'organisation, préférant rechercher une communion spirituelle via la musique et la danse dans les sanctuaires dédiés aux saints.

Ils seraient plusieurs millions au Pakistan, la plupart dans les provinces du Pendjab et du Sindh.

Pendant des siècles, le soufisme a dominé le territoire formant aujourd'hui le Pakistan, mais cette branche a été supplantée ces dernières décennies par des versions plus conventionnelles, voire fondamentalistes, de la religion.

Ils sont ainsi jugés hérétiques par des mouvements comme les talibans ou le groupe djihadiste État islamique (EI), qui ont plusieurs fois pris pour cible les sanctuaires soufis ces dernières années.

En février, un attentat suicide contre le sanctuaire soufi de Lal Shabaz Qalanadr à Sehwan, revendiqué par l'EI, a fait au moins 90 morts et des centaines de blessés.

AFP

Le motif exact de ce massacre reste à déterminer.